ARTE diffuse Baron vampire (Gli Orrori del castello di Norimberga, 1972) jeudi 2 novembre à 0h05, dans le cadre d’un hommage à Mario Bava. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage pendant trente jours sur le site d’ARTE.
Mario Bava réalise Baron vampire au début des années 70, décennie où le fantastique gothique est entré dans une période de décadence, où plus personne ne semble accorder de crédit au réalisateur italien dont les titres de gloire sont déjà loin. Il est difficile de prendre au sérieux les histoires de château hanté et la malédiction d’une sorcière dans l’époque contemporaine. Mario Bava envisage son film comme un dernier tour de train fantôme, une visite guidée dans un musée des horreurs tombé en désuétude. On peut même considérer le folklore archaïque de Baron vampire comme une régression, puisque Bava a réalisé l’année précédente un film génial qui préfigure le cinéma d’horreur moderne, La Baie sanglante. Baron vampire est donc un film terminal, qui mixte des éléments anachroniques à une esthétique de roman photo, avec des acteurs européens improbables, une vedette vieillissante du grand cinéma italien (Massimo Girotti) et un acteur américain contraint à une préretraite italienne dans des productions indignes de sa carrière hollywoodienne, Joseph Cotten littéralement momifié. Entre les mains d’un tâcheron, Baron vampire aurait sans doute été impossible à regarder. Mais Mario Bava, loin d’adopter une posture cynique, réaffirme sa croyance dans le surnaturel. Le cinéaste n’a jamais cessé d’explorer les liens qui unissent les morts et les vivants. Les meilleurs moments du film mettent en scène les apparitions du baron sanguinaire, ramené à la vie par une formule incantatoire, ou la transe d’un médium qui ranime le souvenir d’une sorcière brûlé vive durant l’Inquisition. Ces séquences atmosphériques portent la signature du maître de l’épouvante italienne, de même que la fuite nocturne de Elke Sommer poursuivie par le baron vampire. Ce film a souvent été exploité au cinéma et en vidéo dans des copies de qualité médiocre. La version restaurée diffusée par ARTE rendra enfin hommage au travail photographique de Bava – une nouvelle fois son propre chef opérateur. Moins baroque et stylisé que Six Femmes pour l’assassin ou le testamentaire Lisa et le Diable, le film contient néanmoins des visions oniriques et des images à la beauté mortifère qui rappellent le talent hors norme d’un véritable magicien de l’ombre et de la lumière.
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