ARTE inaugure un cycle consacré à Mario Bava en diffusant Danger, Diabolik! (Diabolik, 1968) lundi 30 octobre à 22h. Trois autres films suivront en novembre, diffusés dans la case trash : Opération peur, Baron vampire et La Planète des vampires.
L’Italien Mario Bava, réalisateur spécialisé dans le cinéma fantastique longtemps méconnu du grand public et méprisé par la critique, est aujourd’hui considéré à juste titre comme un cinéaste passionnant, artisan aux intuitions géniales, entre modernité et maniérisme. Danger, Diabolik! est à la fois le film le plus commercial et grand public de Bava (il s’agit d’une production Dino De Laurentiis au budget confortable, avec une distribution internationale et une extraordinaire bande originale de Ennio Morricone) et une de ses plus expérimentaux, véritable manifeste esthétique d’un artiste obsédé par les simulacres et les métamorphoses de l’image. Si un film est parvenu à s’approcher d’un hypothétique pop art cinématographique, c’est bien Danger, Diabolik!. D’abord brillant chef opérateur, spécialiste de la couleur et des effets spéciaux visuels, Bava n’a jamais eu comme acteurs que des mannequins déshumanisés et pour sujet la pulsion sadique et érotique. Le cinéma d’épouvante fut pour lui le terrain de jeux idéal pour expérimenter ses inventions photographiques et donner libre cours à sa misanthropie et son humour noir. Mais la bande dessinée est aussi une aubaine pour Bava, qui s’amuse à fabriquer de toutes pièces un univers psychédélique. Danger, Diabolik!, inspiré des « fumetti » des sœurs Giussiani extrêmement populaires en Italie, adapte à l’écran les exploits d’un super criminel, sorte de Fantômas futuriste qui vole et tue sans autres motifs que de ridiculiser la police et assouvir les luxueux caprices de sa fiancée Eva Kant. Film libertaire et déluré, saturé de symboles sexuels, Danger, Diabolik! demeure le modèle jamais dépassé d’une transposition de bande dessinée au cinéma, qui offre à Bava l’opportunité rêvée de créer des images bidimensionnelles et artificielles, où tout est simulacre et illusion (y compris le couple vedette), sauf peut-être le talent des seconds rôles, interprétés par d’excellents comédiens dans un état euphorique, Michel Piccoli en tête. Si Phantom of the Paradise est pour nous le film fétiche des années 70, Diabolik est sans conteste celui des années 60.
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