Olivier Père

A la recherche du plaisir de Silvio Amadio

Il n’y a pas de plaisir coupable, la suite. Ce film italien exhumé en blu-ray par Le Chat qui fume en apporte une nouvelle preuve, assez inattendue. Il s’agit d’un giallo peu connu, jamais distribué en France, qui ne bénéficie pas de la même réputation que certains titres fameux de ce sous-genre transalpin, comme ceux réalisés par Sergio Martino avec Edwige Fenech par exemple. Pourtant, A la recherche du plaisir (Alla ricerca del piacere, 1972) de Silvio Amadio se révèle une agréable surprise. C’est un film qui possède plusieurs qualités qui le distinguent de nombreux gialli bas de gamme. L’histoire est celle d’une jeune femme qui en remplace une autre, pour se retrouver confrontée aux mêmes dangers. Greta se présente au luxueux domicile d’un professeur sur une île de Venise pour devenir sa secrétaire particulière. La jeune femme qui occupait ce poste avant elle, l’Anglaise Sally, a disparu sans laisser de trace. On découvre que Greta non seulement connaissait Sally mais était sa maîtresse, et qu’elle a décidé de se jeter dans la gueule du loup pour enquêter seule sur la disparition de son amie. L’intrigue emprunte à Hitchcock mais le véritable maître de Silvio Amadio était Raffaello Matarazzo, admirable réalisateur de mélodrames dont il fut l’assistant. A la recherche du plaisir préfère insister sur les tourments sensuels d’une jeune femme, le souvenir amoureux d’une belle disparue que sur les scènes sanguinolentes et les meurtres sadiques. Silvio Amadio signe un thriller à l’ambiance trouble, qui accorde une place importante à l’érotisme. Une fois de plus Venise sert de toile de fond à une histoire de crime sexuel, avec des personnages libertins et décadents comme principaux suspects. La mise en scène de Amadio est élégante à défaut d’être originale. Il faut lui reconnaître un vrai talent pour mettre en valeur ses héroïnes, starlettes du bis peu farouches pour dévoiler leurs charmes devant la caméra. Le film contient une très belle scène d’amour saphique entre Barbara Bouchet et Rosalba Neri, filmée au ralenti. En consultant la peu glorieuse filmographie de Silvio Amadio, on découvre que ce cinéaste avait développé une fixation sur l’homosexualité féminine, qu’il a abordée dans plusieurs de ses films. Qu’un réalisateur assez anonyme puisse faire entrer en contrebande ses fantasmes dans des productions commerciales n’en fait pas pour autant un auteur, mais cela nous renseigne sur la liberté et l’hédonisme qui pouvait régner dans le cinéma d’exploitation italien des années 60 et 70. Barbara Bouchet n’a peut-être jamais été aussi sexy et elle est convaincante dans un rôle plus intéressant que ceux qu’on avait l’habitude de lui confier en Italie. Une bande originale mythique de Teo Usuelli (disponible en CD dans le combo), Barbara Bouchet et ses amies en tenue d’Eve, Venise en Technicolor, Farley Granger en partouzeur décati, un suspense qui tient la route… Tout amateur de cinéma bis italien devrait être comblé par A la recherche du plaisir, proposé dans une excellente édition Blu-ray et DVD.

Barbara Bouchet dans A la recherche du plaisir de Silvio Amadio

Barbara Bouchet dans A la recherche du plaisir de Silvio Amadio

 

 

 

 

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