Olivier Père

Ariel de Aki Kaurismäki

Dans le cadre de son hommage à Aki Kaurismäki ARTE diffuse Ariel (1988) mercredi 29 mars à 23h10. Le film sera également disponible en télévision de rattrapage sur ARTE Cinéma. Ariel n’est peut-être pas le titre le plus célèbre et commenté de l’œuvre de Kaurismäki. Le cinéaste lui-même l’évoque comme un film de circonstance, réalisé par obligation, pour éviter la banqueroute de sa société de production. Ariel vient pourtant confirmer le talent et le style de Kaurismäki après le magnifique Shadows in Paradise (1986) qui l’avait révélé au public international. Ariel est le cinquième long métrage de Kaurismäki et le volet central d’une « trilogie du prolétariat », entre Shadows in Paradise et La Fille aux allumettes (1987). Le cinéaste y exprime une nouvelle fois son goût pour les personnages d’exclus, chômeurs et parias de la société. Ces losers à l’inaltérable dignité sont dotés d’une élégance naturelle et d’un code moral chevaleresque même dans la mouise la plus totale. Une succession d’infortunes et de malentendus conduit Taisto, héros prolétaire parti sur la route après la fermeture de la mine de charbon dans laquelle il travaillait, en prison. Dans sa cellule il fait la connaissance de Mikkonen (le merveilleux Matti Pellonpää, acteur fétiche de Kaurismäki) avec lequel il s’évade et organise un hold-up sans violence, afin de récupérer l’argent nécessaire à leur fuite loin de la Finlande. La bifurcation du récit vers le film de gangsters permet à Kaurismäki d’exprimer son admiration pour Jean-Pierre Melville et quelques petits maîtres de la série B américaine tels Joseph H. Lewis. Malgré sa noirceur Ariel ne se dépare jamais de l’ironie lente, du romantisme laconique et de l’humour du désespoir de Kaurismäki, qui a décrit son film comme un hommage « au souvenir de la réalité finlandaise ». Ariel se déroule dans des paysages urbains d’un pays en crise, ravagé par la pauvreté et la violence de classe. Une version chantée en finnois par Olavi Virta de Over the Rainbow, qu’on a le droit de préférer à l’originale, scande le film et achève de le rendre inoubliable.

 

 

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