Olivier Père

Fanny de Marc Allégret

Le distributeur Mission ressort en salles mercredi 23 décembre, dans une nouvelle version superbement restaurée Fanny, volet central de la Trilogie marseillaise de Marcel Pagnol, mis en scène par Marc Allégret en 1932.

Fanny permet de retrouver les personnages de la Trilogie marseillaise exactement là où nous les avions laissé à la fin de Marius. Fanny vient de s’évanouir de chagrin et César ne sait pas encore que son fils Marius s’est embarqué pour l’Océan Indien. Pourtant Pagnol n’a décidé d’écrire cette pièce qu’après le succès inattendu de Marius au théâtre.

Le public des salles obscures réclamera aussi une suite et un an plus tard Marcel Pagnol réunira à nouveau toute sa troupe d’acteurs à l’exception de Paul Dullac qui est remplacé par Auguste Mouriès dans le rôle d’Escartefigue, mais personne ne s’en rendra compte !

Pagnol devient avec Fanny son propre producteur – les studios Paramount ne croyaient pas en la réussite d’une seconde partie – et continue de superviser de très près la mise en scène du film, confiée cette fois-ci à un jeune réalisateur français, Marc Allégret. Allégret possédait l’avantage d’avoir déjà dirigé Raimu dans deux longs métrages (Le Blanc et le Noir avec Guitry et Mam’zelle Nitouche) et d’être capable de supporter ses colères !

Allégret tourne plus en extérieurs que Korda, et offre des belles prises de vues de Marseille. On se souvient du long travelling sur Fanny au milieu de la foule en train de remonter la Canebière en courant, affolée par sa visite chez le médecin qui vient de lui annoncer qu’elle est enceinte.

Le triomphe de Fanny sera aussi total que celui de Marius à la scène comme à l’écran.

Fanny est sans doute la partie la plus mélodramatique, et la plus féminine, de la Trilogie marseillaise. Certes les bons mots et les situations cocasses abondent comme dans Marius, mais les morceaux de bravoure de Fanny comme celui de la lettre de César à Marius nous arrachent davantage les larmes que des sourires. Dans Fanny Marcel Pagnol évoque l’honneur et les dilemmes moraux d’une jeune femme et le désespoir d’un père tous deux abandonnés par l’être qu’ils aimaient le plus. Les malheurs de Fanny écartelée entre son futur statut de fille mère, sa passion pour Marius et la bienveillance intéressée de maître Panisse qui la demande en mariage auraient pu se dissoudre dans un banal vaudeville. Ils élèvent au contraire le film vers les cimes de la tragédie.

Si Fernand Charpin vole ici la vedette à Raimu grâce à son incarnation savoureuse de maître Panisse, personnage aussi drôle qu’émouvant, Fanny demeure comme son titre l’indique le film de Orane Demazis. C’est pour elle que Marcel Pagnol écrivit le rôle de Fanny, qu’elle créa au théâtre puis au cinéma. Le nom de Orane Demazis reste à jamais associé à celui de Pagnol, dont elle fut la compagne et l’une des interprètes les plus marquantes. Elle est bouleversante et toujours juste dans la trilogie marseillaise et en particulier dans ce film où sa voix inoubliable, son visage si expressif en font l’une des plus pures héroïnes du mélodrame cinématographique.

 

Fanny sera diffusé le lundi 18 janvier sur ARTE, à la suite de Marius, et sera également disponible en télévision de rattrapage sur ARTE+7.

 

 

 

Catégories : Actualités · Sur ARTE

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