ARTE diffuse Nashville Lady (Coal Miner’s Daughter, 1980) de Michael Apted, avec Sissy Spacek (photo en tête de texte) lundi 7 septembre à 22h.
Nashville Lady est le « biopic » de la chanteuse Loretta Lynn, d’après l’autobiographie de cette dernière. Native d’un petit village de mineurs au fin fond du Kentucky, seconde des huit enfants d’une famille pauvre, Loretta se marie à 13 ans, totalement ignorante des choses de la vie, avec le vigoureux Doolittle Lynn (Tommy Lee Jones, les cheveux teints en roux) dont elle est tombée amoureuse au premier regard, et se retrouve bientôt mère. Doolittle lui offre une guitare lors de son anniversaire et l’encourage à se produire sur scène, décelant en elle un talent inné pour le chant. Loretta Lynn deviendra l’une des plus grandes vedettes de la musique country.
Elle se surnommait elle-même « la fille du mineur », titre d’une de ses chansons, pour affirmer avec fierté ses origines modestes.
Le film suit avec beaucoup d’honnêteté la trajectoire édifiante d’une jeune femme dont le seul talent, savoir chanter, associé à ses grandes qualités humaines, la propulseront vers la célébrité.
Il s’agit du premier film américain du cinéaste britannique Michael Apted, sans doute choisi en raison de ses films sur le monde musical (Stardust) et de ses portraits féminins (Agatha) tournés en Grande-Bretagne. Il est étonnant de constater que les deux meilleurs films de fiction consacrés à deux grandes artistes féminines de la musique country, culture populaire américaine par excellence, furent réalisés par deux cinéastes anglais : Michael Apted et Karel Reisz – d’origine tchèque mais qui débuta sa carrière avec le « free cinema » – qui signera en 1985 un autre biopic remarquable, celui de Patsy Cline avec Jessica Lange dans le rôle de la chanteuse, Sweet Dreams. Dans Nashville Lady Patsy Cline est interprétée par Beverly D’Angelo.
Le film de Apted se caractérise par son souci du réalisme, de sa description du monde des mineurs du Kentucky jusqu’aux tournées musicales en Virginie, avec la consécration au Grand Ole Opry, légendaire émission de radio en direct d’une salle de concert de Nashville, Tennessee. Apted exigea aussi que Sissy Spacek et Beverly D’Angelo chantent elles-mêmes les chansons du répertoire de leurs personnages, ce dont elles s’acquittent à merveille.
Le rôle de Loretta Lynn vaudra à Sissy Spacek l’Oscar – mérité – de la meilleure actrice et une flopée d’autres récompenses pour une interprétation en tous points remarquables. Le physique juvénile et la silhouette fluette de Sissy Spacek lui permettent d’être crédible en gamine de 13 ans au début du film alors qu’elle en avait 31 au moment du tournage – et 27 sur celui de Carrie au bal du diable de Brian De Palma, dans lequel elle jouait aussi une adolescente. Le film est un écrin pour sa performance magnifique. Nashville Lady est un très beau portrait de femme, un hymne au courage et à la volonté d’une « self made woman », dans le pur style de la « success story » à l’américaine, qui ne s’appesantit pas sur les passages sombres et difficiles (violence de son mari, épuisement au travail) et délivre un message d’optimisme et d’amour, ce qui n’est pas si fréquent dans les biographies filmées consacrées aux vedettes de la chanson. Il faut dire que nous sommes dans le monde conservateur de la country, où la drogue fit moins de ravages que dans celui du rock n’roll.
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