Ce volume central des Mille et Une Nuits, qui sort en salles le 29 juillet, conjugue sur le mode de la mélancolie la magie du vaste projet de Miguel Gomes à travers trois contes et trois univers différents, soit une narration plus recentrée que les volumes 1 et 3, mais qui permet d’apprécier la richesse de la palette du cinéaste. Plutôt que de choisir Gomes préfère embrasser tous les possibles du cinéma. La parole lui sied autant que le silence, l’épure que la profusion.
Ici Shéhérazade nous raconte comment la désolation a envahi le cœur des hommes. Le film débute par la chronique d’un criminel en fuite, surnommé « sans tripes », vieux chacal jouisseur et anarchiste qui va narguer la police pendant quarante jours dans les terres intérieures du Portugal, devenant une figure de brigand légendaire aux yeux de la population locale. Le style contemplatif et la sauvagerie de « sans tripes » sont en rupture avec la prolifération d’images baroques des autres contes. A l’opposé, « Les larmes de la juge », reconstitution d’un procès dans un théâtre antique, hyper stylisé et hyper dialogué à la manière d’un film de Guitry ou de Ford place le cinéma de Gomes sur le plan de la dialectique. « Les Maîtres de Dixie » appartient à sa veine lyrico mélancolique, beau à pleurer comme une chanson de variétés, avec les petites misères et grandes tragédies des habitants d’une cité populaire, entre drogue chômage et suicide vues à travers le regard doux d’un petit chien blanc nommé Dixie. Moments de « saudade » à l’état pur, sublimés par le sens du cadre et de la mise en scène, le génie de l’accompagnement musical et les trouvailles poétiques. L’émotion esthétique de cette partie se rapproche de l’envoutement ressenti à la vision de Tabou, précédent film de Gomes.
A suivre…
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