ARTE diffuse dimanche 9 août à 20h50 Enemy (Enemy Mine, 1985) de Wolfgang Petersen dans le cadre de son « summer of peace ». Programmation pertinente tant le film s’inscrit dans un courant humaniste de la science-fiction, délivre un message pacifiste et antiraciste généreux, aux antipodes d’une certaine tendance belliciste ou paranoïaque du « space opera » où « l’alien » est désigné comme une menace meurtrière et indestructible. Enemy se déroule dans le contexte futuriste de guerres coloniales intergalactiques, où les Terriens se disputent la conquête des planètes avec une civilisation extraterrestre évoluée. Deux pilotes ennemis, un homme et un Drac (espèce humanoïde reptilienne), se crashent sur une planète hostile et vont devoir s’allier pour survivre ensemble aux attaques des bestioles locales et aux pluies de météorites.
On aura plus ou moins reconnu l’argument du film de John Boorman Duel dans le Pacifique transposé dans l’espace. La cohabitation forcée des deux Robinsons se transforme en amitié et même en relation quasi conjugale, avec bébé Drac en prime. Les deux combattants apprennent chacun la langue et la culture de l’autre, se découvrant des valeurs en commun. Malgré son budget pharaonique pour l’époque cette superproduction n’est pas très éloignée de l’esthétique des films de science-fiction des années 50 et 60, avec leurs couleurs criardes, leurs transparences et leurs peintures sur verre pour représenter les paysages désertiques de planètes. Les maquettes de vaisseaux spatiaux et les effets spéciaux mécaniques de créatures nous rappellent que dans les années 80 les trucages les plus sophistiqués n’avaient pas franchi le pas du tout numérique et possédaient encore la magie du cinéma des origines. Il s’agit du premier film américain du cinéaste allemand Wolfgang Petersen, arrivé en remplacement du britannique Richard Loncraine après plusieurs semaines de prises de vue. Petersen reprit la production à zéro et le film fut entièrement tourné dans les studios géants de Bavaria, à Munich – à l’exception de quelques scènes dans le désert de Lanzarote aux Iles Canaries. Ces décors monumentaux et volontairement artificiels convoquent les fantômes de l’expressionnisme.
Très populaire auprès des amateurs de science-fiction dès sa sortie Enemy est devenu à juste titre un petit classique du genre, en assumant sa naïveté mais en gérant avec efficacité appel à la tolérance et à la réconciliation, émotion, action et imagerie spectaculaire.
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