ARTE diffuse Libero (Anche libero va bene, 2006) de Kim Rossi Stuart, découvert à la Quinzaine des Réalisateurs, jeudi 21 mai à 13h35.
Kim Rossi Stuart était déjà l’un des meilleurs acteurs de sa génération en Italie, et pas seulement une très belle gueule de jeune premier.
Débutant dans Le Nom de la rose, il avait acquis au gré des rôles au cinéma et au théâtre une certaine notoriété et une excellente réputation, tournant notamment dans Par-delà les nuages de Michelangelo Antonioni, Les Clefs de la maison de Gianni Amelio ou Romanzo criminale de Michele Placido.
Ses premiers pas derrière la caméra avec Libero, qu’il a mis en scène, interprété et coécrit, ont démontré que c’était aussi un excellent cinéaste, avec une vraie personnalité et un ton singulier par rapport à d’autres films italiens. Ici le ton est âpre et même violent, sans aucune des afféteries du cinéma mélodramatique ou psychologique transalpin. Sans chauvinisme aucun c’est plutôt au cinéma français, celui de Maurice Pialat ou Claude Sautet, que l’on pense en découvrant Libero. Et aussi de Truffaut, puisque le film de Kim Rossi Stuart met en scène avec beaucoup de sensibilité un jeune garçon confronté à la tristesse et aux problèmes des adultes.
« Tommi, onze ans, sa grande sœur Viola et leur père Renato forment une famille étrangement unie depuis que la mère des deux enfants les a abandonnés. Cette famille pleine de rage et d’imperfections, d’une inconsolable solitude, tient debout malgré tout grâce au souci constant de chacun pour les autres, et à leur amour. »
Avec ce film autour de l’enfance, émouvant, cruel et pudique, avec des enfants souvent plus responsables et matures que leurs géniteurs névrosés, Kim Rossi Stuart – qui ne souhaitait pas au départ jouer dans son propre film mais dut remplacer un acteur défaillant dans le rôle du père de Tommi – signe à notre avis l’une des meilleures premières œuvres cinématographiques vues en Italie dans les années 2000. Ce pays dont l’industrie cinématographique en crise depuis plusieurs années continue heureusement de nous réserver de belles surprises, grâce à la résistance courageuse et au talent de ses auteurs, et surtout grâce à une nouvelle génération de jeunes cinéastes indépendants à suivre de près.
Kim Rossi Stuart fut l’un d’entre eux, même s’il n’a pas voulu ou pas pu persévérer dans cette direction. On peine à croire que Libero ne soit qu’un simple et heureux accident, mais c’est pour l’instant le seul long métrage de Kim Rossi Stuart. On espère qu’il y en aura d’autres un jour.
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