Olivier Père

Quai des orfèvres de Henri-Georges Clouzot

Dans le cadre de son « printemps du polar » ARTE diffuse lundi 16 mars à 20h50 Quai des orfèvres (1947) de Henri-Georges Clouzot avec Louis Jouvet, Suzy Delair, Simone Renant, Bernard Blier, Charles Dullin, Pierre Larquey, Raymond Bussières… Il s’agit avec Le Corbeau de l’un des plus grands films de Clouzot, réalisé après un chômage forcé de quelques années au moment de la Libération (le cinéaste ayant régulièrement travaillé pour la Continental, société de production franco-allemande très active pendant l’Occupation). Un pianiste jaloux est accusé d’avoir assassiné un des riches prétendants de sa femme, chanteuse de music hall volage et vénale. L’inspecteur Antoine mène l’enquête… Voilà un (vrai) classique du cinéma policier français, qui vaut autant pour son suspense (il s’agit d’une adaptation d’un roman de S. A. Steeman) que pour son atmosphère et ses personnages, marqués par le pessimisme foncier de Clouzot, ici au sommet de son art. Quai des orfèvres est admirablement servi par un inoubliable Louis Jouvet, qui dans le rôle d’un flic misanthrope et malgré tout attachant, se révèle un double parfait de son metteur en scène (comme la plupart des personnages masculins des films de Clouzot.) Quai des orfèvres est une œuvre amère et sans aucune illusion, presque célinienne (l’humanité est pourrie, seule l’enfance échappe au massacre), dont le cynisme est sauvé par des accents déchirants et qui confirme que les bons sentiments ne font pas souvent les meilleurs films.

 

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