Olivier Père

Melancholia de Lars von Trier

ARTE diffuse Melancholia (2011) le dimanche 16 novembre à 20h45. Belle façon de clore son cycle Lars von Trier et d’ouvrir en même temps la troisième édition de son Festival du Cinéma à l’antenne. Belle et monumentale façon, serions-nous tentés d’ajouter, tant Lars von Trier choisit avec ce film une grande forme opératique, plus précisément wagnérienne, en osmose avec les couleurs crépusculaires et apocalyptiques de son projet. Wagner étant chez Lars von Trier le compositeur admiré qui assure le lien entre sa première période punk (Element of Crime par exemple) et son évident chef-d’œuvre, Melancholia, dans lequel le cinéaste danois revisite le romantisme allemand et les fresques familiales de l’un de ses maîtres, Luchino Visconti.

À l’occasion de leur mariage, Justine et Michael donnent une somptueuse réception dans le gigantesque manoir de la sœur de Justine et de son beau-frère. Pendant ce temps, la planète Melancholia se dirige vers la Terre… L’euphorie et les crises familiales et professionnelles engendrées par la cérémonie passées, Justine plonge à nouveau dans une terrible dépression, une profonde mélancolie en osmose avec le rapprochement inexorable de la planète, et la fin prochaine de la Terre.

Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg dans Melancholia

Kirsten Dunst et Charlotte Gainsbourg dans Melancholia

Lars von Trier, malgré le recours à des tableaux à la puissance funèbre, sidérante et inédite au cinéma, notamment dans l’ouverture du film avec ses images hyper ralenties, n’est pas un cinéaste pompier et il tempère la dimension cosmique de Melancholia par une étude intimiste, au plus près de la douleur d’une jeune femme, Justine (Kirsten Dunst, Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes), et de sa relation conflictuelle avec sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg), véritable double inversé. Passer à l’intérieur du même film du micro au macro, en se demandant si c’est l’état psychique de Justine qui exerce une influence sur la planète destructrice ou l’inverse, si l’apocalypse prochaine n’est pas finalement la manifestation ultime de la mélancolie d’une jeune femme, voilà l’incroyable beauté d’une œuvre magistrale, sans doute la plus aboutie de son auteur, réputé à juste titre pour ses portraits de femmes souffrantes et rayonnantes, débordées par la grâce et la violence. Lars von Trier offre une nouvelle fois à une actrice le rôle de sa vie, ici l’américaine Kirsten Dunst, transfigurée, entourée dans la première partie par une pléiade de grands acteurs internationaux, familiers de l’univers de Lars von Trier ou nouveaux venus.

 

Melancholia est disponible en Replay sur ARTE+7, comme tous les films du Festival du Cinéma d’ARTE.

Melancholia

Melancholia

Catégories : Coproductions · Sur ARTE

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *