ARTE diffuse lundi 6 octobre à 22h30 Faust de Alexandre Sokourov, qui remporta le Lion d’or à la Mostra de Venise en 2011. Le cinéaste russe puise dans les trois différentes versions du Faust de Goethe pour livrer sa vision iconoclaste – et cependant paradoxalement fidèle, par touches fulgurantes, à l’écrivain allemand – du mythe faustien. Le film se présente aussi comme le quatrième volet d’une Tétralogie sur le Mal, la dictature et la corruption, venant après ses interprétations cinématographiques des portraits de Hitler (Moloch, 1999), Lénine (Taurus, 2001) et Hiro-Hito (Le Soleil, 2005).
« Une vue d’ensemble sur une ville allemande du XIXe siècle entourée de montagnes, et l’on entre dans le cabinet du docteur Heinrich Faust et son atmosphère étouffante. Avec son disciple Wagner, un jeune homme pour le moins exalté, ce savant s’applique à rechercher l’âme en éviscérant des cadavres. Bien que savant reconnu, Faust manque d’argent ; il s’adresse tout d’abord à son père aussi médecin mais n’obtient de lui qu’une leçon de morale. Puis il se tourne vers Mauricius, un vieil usurier, hideux et souffreteux, qui est en fait l’incarnation du Diable. Cependant Faust se laisse séduire, croyant obtenir du vieil homme le secret du miracle de la vie. Il est conduit par le vieil usurier dans un lieu où les lavandières s’acquittent avec joie de leur tâche. Là, il rencontre l’une d’entre elles, Marguerite. Subjugué par la beauté et la fraîcheur de la jeune fille, il ne pense qu’à une chose, la revoir. Dès lors se referme sur lui un piège savamment orchestré par le Diable. »
Chef-d’œuvre d’inspiration nietzschéenne qui parvient à rivaliser autant avec les grands maîtres de la peinture que les philosophes et les poètes du XIXe siècle, Faust est avant tout une expérience inoubliable, un film monstre sans équivalent dans le passé ou le présent, Sokourov demeurant étranger aux enjeux esthétiques et moraux (ou leur absence) de l’art moderne et du cinéma contemporain, au-delà du bien et du mal.
Le spectateur est entrainé dans un maelstrom d’images grandioses et démentielles, fruit de la collaboration entre Sokourov et son directeur de la photographie français Bruno Delbonnel. Sokourov, en osmose avec son sujet, réalise un film d’alchimiste, aboutissant avec les couleurs, les sons et la matière à une œuvre orchestrant dans la même pâte chair et spiritualité, l’horreur et la beauté absolues, en véritable démiurge du cinéma.
Alexandre Sokourov termine actuellement le montage de Francofonia, le Louvre sous l’occupation (production Idéale Audience en coproduction avec ARTE France Cinéma et l’unité société et culture d’ARTE France), essai cinématographique passionnant et nouvelle aventure formelle et intellectuelle en compagnonnage avec Bruno Delbonnel.
Laisser un commentaire