Wild Side a l’excellente idée de proposer depuis le 3 septembre en DVD dans sa collection « les introuvables » l’un des films les plus atypiques, méconnus et peu commentés de John Ford : Inspecteur de service (Gideon’s Day, 1958), tourné en Angleterre entre deux sommets de la longue carrière du cinéaste, L’aigle vole au soleil et La Dernière Fanfare. On peut s’étonner de cette délocalisation londonienne inattendue de la part d’un cinéaste aussi revendicatif de ses racines irlandaises… Certes Inspecteur de service ne peut ni ne souhaite rivaliser avec l’importance de ces titres et prétendre au statut de chef-d’œuvre, mais c’est un très beau film qui exprime en mode mineur, et dans un contexte inhabituel, l’art, les goûts et les préoccupations de John Ford : la loi et les hommes, l’individu au sein d’une communauté, le conflit des générations, le souci des autres et la passion de son métier jusqu’au sacrifice de sa vie familiale… Sans oublier un humour truculent mêlé d’émotion, de sordide et de tragique, avec plusieurs morts violentes et un crime sexuel.
Inspecteur à Scotland Yard, George Gideon (Jack Hawkins) va vivre une folle journée : après avoir reçu une contravention d’un jeune officier de police, il apprend que l’un de ses meilleurs hommes, le sergent Kirby, est en réalité corrompu; ce dernier est victime d’un attentat lié à un braquage de banque qui doit bientôt avoir lieu. Il se met alors à la recherche de la maîtresse de Kirby. Pour ne rien arranger, un tueur de femmes court dans les rues. Et ce n’est pas la dernière des surprises auxquelles Gideon devra faire face…
Inspecteur de service est adapté d’une série de romans policiers en vogue à l’époque et dont John Ford – grand lecteur – était paraît-il friand. Ces bouquins avaient pour héros récurrent un inspecteur de Scotland Yard, homme tranquille de la loi comparable à notre Maigret.
L’action est circonscrite à une seule journée, ce qui permet d’aborder plusieurs problématiques liées au métier de policier et de dresser une galerie de personnages pittoresques des deux côtés de la loi, sans oublier la propre famille de Gideon avec sa femme et sa fille, interprétée par la jeune Anna Massey, très à l’aise pour son premier rôle à l’écran et que l’on retrouvera par la suite dans de nombreux films parmi lesquels Le Voyeur (Powell), Bunny Lake a disparu (Preminger) et Frenzy (Hitchcock), excusez du peu ! On retrouve au générique plusieurs seconds rôles anglais pittoresques comme Cyril Cusack qui se substituent avec talent à l’habituelle troupe américaine fordienne.
Le film fut un succès en Grande-Bretagne tandis qu’il ne connut aux Etats-Unis qu’une distribution sacrifiée, dans une version en noir et blanc écourtée de plus de trente minutes. Le découvrir enfin aujourd’hui dans une belle édition DVD est un plaisir que les inconditionnels du cinéma de John Ford et les autres ne se refuseront pas.
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