Demain vendredi 14 juin à partir de 20h, dans le cadre de ses soirées « Cinéma bis » la Cinémathèque française propose un intéressant post scriptum à sa vaste rétrospective consacrée au centenaire de la Universal il y a quelques mois avec deux films de science-fiction produits par la célèbre compagnie dans les années 50.
Il s’agit de La Cité pétrifiée (The Monolith Monsters, 1957) de John Sherwood et Le Peuple de l’enfer (The Mole People, 1957) de Virgil Vogel.
Ce double programme permettra surtout de vérifier comment un film de série peut porter l’empreinte d’un cinéaste, même si celui-ci ne l’a pas réalisé !
Bien que signé John Sherwood, La Cité pétrifiée évoque par bien des aspects les films de science-fiction de Jack Arnold. Ce n’est pas un hasard. C’est le réalisateur de L’Etrange Créature du lac noir qui devait à l’origine mettre en scène La Cité pétrifiée, dont il prépara le tournage mais auquel il dut renoncer en raison d’une surcharge de travail et de son engagement sur The Tattered Dress, un film noir avec Jeff Chandler, demeuré inédit en France.
L’implication de Jack Arnold dans le projet permet de retrouver des qualités propres à ses films : une approche sérieuse d’un postulat délirant, des images scientifiques dignes d’un documentaire, une ambiance paranoïaque et un climat d’inquiétude. Arnold est l’auteur de l’histoire de La Cité pétrifiée, à l’instar de Tarantula (1955) mais pas de ses autres films. Ces deux titres parmi plusieurs similitudes présentent une fillette terrifiée par une attaque monstrueuse et découverte en état de choc. Les premiers plans du film montrant la chute d’un météore dans la campagne californienne sont empruntés au Météore de la nuit d’Arnold réalisé quatre ans plus tôt et exploité en relief aux Etats-Unis. L’art de l’ellipse et de la litote cher à Arnold est poussé dans ses ultimes retranchements dans La Cité pétrifiée puisqu’on découvre les conséquences d’une invasion de cristaux venus de l’espace sans jamais en voir – ni en comprendre vraiment – les mécanismes. Le film cherche à nous effrayer en se contentant de montrer des cailloux noirs qui au contact de l’eau révèlent de curieuses et dangereuses propriétés chimiques. Ils ont le pouvoir de changer en pierre les humains qui s’en approchent. Le thème de la pétrification est plutôt bien illustré par le film qui n’en exploite pas toutes les possibilités figuratives et ne s’écarte jamais d’une sobriété un peu terne.
L’idée selon laquelle John Sherwood ne fut qu’un exécutant respectueux des volontés de Jack Arnold se vérifie jusque dans la distribution, sans doute effectuée par Arnold ; on retrouve au générique du film son acteur fétiche Grant Williams, celui qui fut l’inoubliable homme qui rétrécit dans chef-d’œuvre du même nom.
La filmographie de John Sherwood (qui officia surtout comme assistant réalisateur et réalisateur de seconde équipe sur des films hollywoodiens prestigieux) est définitivement liée au nom de Jack Arnold. Non seulement il l’assista sur son excellent western Une balle signée X en 1959, mais il signa auparavant La créature est parmi nous en 1956, troisième épisode des aventures de l’étrange créature du lac noir brillamment commencées avec le classique de Jack Arnold et sa suite La Revanche de la créature.
Quant au deuxième film de la soirée, Le Peuple de l’enfer, on ne l’a jamais vu mais on fait confiance à Jean-François Rauger qui parle d’un « mélange de science-fiction et de récit d’aventures, (qui) n’hésite pas devant la fantaisie la plus débridée et les idées les plus absurdes. »
Laisser un commentaire