Le cycle Hitchcock « période dorée » (les grands films en couleur des années 50 et 60 réalisés pour le studio Universal) se poursuit sur ARTE avec la diffusion ce soir à 20h50 d’un chef-d’œuvre absolu. Un de plus. Deux ans après Fenêtre sur cour Alfred Hitchcock retrouve le grand James Stewart pour L’homme qui en savait trop (The Man Who Knew Too Much, 1956). Il s’agit du remake d’un de ses films qui portait déjà le même titre, réalisé en Grande-Bretagne en 1934. Hitchcock, ici au sommet de son art, ne se contente pas d’améliorer un brouillon pour le transformer en classique du cinéma d’espionnage. Comme tous les grands films américains du cinéaste, L’homme qui en savait trop dissimule sous son vernis de parfaite mécanique à suspense une œuvre inquiète et tourmentée, une interrogation sur la culpabilité. Cette dichotomie est particulièrement sensible dans ce film qui commence comme un aimable divertissement familial pour se transformer en tragédie. Hitchcock a réuni un couple qui exprime à la perfection ce sentiment de confort vite bouleversé. Aux côtés de James Stewart évidemment génial Hitchcock a choisi Doris Day, prototype de la vedette populaire limite vulgaire qui contraste, malgré sa blondeur, avec les beautés sophistiquées habituellement filmées et désirées par le cinéaste. Cette femme à la limite du ridicule va connaître la grâce lors de l’épreuve douloureuse que lui inflige le film. D’abord écartée du récit par son mari (il la drogue avant de lui apprendre que leur fils a été enlevé par des espions, afin d’atténuer son angoisse), elle interviendra de façon décisive à deux reprises grâce à sa voix (d’abord un cri, puis une chansonnette) pour enfin retrouver son enfant. Cette quête devient le symbole de sa propre renaissance (elle avait abandonné sa carrière de chanteuse pour devenir une bonne mère au foyer). L’homme qui en savait trop, c’est donc peut-être, et avant tout, le film de Doris Day.
L’homme qui en savait trop de Alfred Hitchcock
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