La Cinémathèque française salue actuellement le travail d’un grand directeur de la photographie européen, Willy Kurant avec une rétrospective de ses principaux films. Né à Liège en 1934 Willy Kurant a travaillé avec Godard (Masculin Féminin), Varda (Les Créatures), Welles (Une histoire immortelle), Skolimowski (Le Départ), Pialat (Sous le soleil de satan), Garrel (Un été brûlant)… Kurant a également travaillé aux Etats-Unis sur des films qui n’ont pas laissé une trace inoubliable dans l’histoire du cinéma. Pas bégueule, Kurant a proposé à la Cinémathèque française de puiser dans les tréfonds de sa filmographie pour concocter un double programme « cinéma bis » qui réunit deux titres presque totalement oubliés, même des amateurs de bizarreries : Mama Dracula (1980) de Boris Szulzinger cinéaste et producteur belge connu pour Les Tueurs fous et La Honte de la jungle dessin animé pour adultes coréalisé avec Picha : on ne sait même plus si on a vu ou non cette comédie vampirique avec Louise Fletcher et Maria Schneider qui voulait réitérer le succès des Lèvres rouges et de Dracula père et fils. En revanche on se souvient bien du monstre qui vient de l’espace (The Incredible Melting Man, 1977) déjà vu à la Cinémathèque française et revu en DVD, pastiche de série B pour le moins étrange et sympathique, devenu un classique du cinéma psychotronique.
Ces deux films seront projetés ce soir à la Cinémathèque à partir de 20h.
Comme son titre original l’indique, le film de William Sachs s’inspire de L’homme qui rétrécit (The Incredible Schrinking Man, 1957) de Jack Arnold et raconte le tragique destin d’un astronaute victime de radiations lors d’un voyage dans l’espace (il s’est aventuré un peu trop près des anneaux de Saturne), et qui revient sur Terre en piteux état. Tandis que sa force augmente et que naissent en lui des pulsions cannibales, son corps se désagrège morceau par morceau. L’homme se met à fondre inéluctablement, jusqu’à ressembler à un amas de matière gluante et sanguinolente.
Le film fait également référence à un classique de la science-fiction, Le Monstre (The Quatermass Experiment, 1955) de Val Guest dans lequel le survivant d’un voyage spatial se transformait progressivement en monstre et terrorisait Londres. Le monstre qui vient de l’espace témoigne souvent d’un mauvais goût aberrant, avec des ralentis absurdes et des scènes de violence si grotesques qu’elles laissent percer des intentions parodiques, à moins que le cinéaste William Sachs (également responsable de Galaxina en 1980) soit un véritable cas pathologique à l’instar d’Ed Wood ou de Doris Wishman, alliant incompétence et folie douce. Quant à la photographie de Kurant, elle ne figure certes pas parmi ses meilleurs travaux, budget rachitique oblige, mais le film compte certains plans remarquables, par leur éclairage ou leur cadrage incongru, qui tranchent avec la médiocrité de l’ensemble.
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