Olivier Père

Two Lovers de James Gray

Two Lovers est diffusé ce soir à 20h50 dans le cadre de la programmation spéciale Cannes d’ARTE. En attendant The Immigrant qui sera bientôt dévoilé en sélection officielle du Festival de Cannes Two Lovers est sans doute le meilleur film de James Gray, du moins notre préféré. Pour la première fois de sa carrière le cinéaste américain se débarrasse des oripeaux du film noir ou du thriller pour mettre en scène un pur mélodrame, sans conteste la plus belle et la plus triste des histoires d’amour du cinéma contemporain. La plus belle rencontre aussi, fugace mais inoubliable.

New York est la ville de James Gray et il continue de la magnifier dans Two Lovers, en la filmant dans sa quotidienneté, ses multiples facettes.

Malgré son charme et sa sensibilité artistique Leonard est un jeune homme fragile, suicidaire depuis une rupture douloureuse, qui vit et travaille encore avec ses parents. Ce sont eux qui lui présentent la belle Sandra, car elle est la fille de l’homme avec qui sont père est en affaires, et les deux familles appartiennent à la communauté juive de la ville. Presque au même moment, Leonard fait la connaissance de sa ravissante voisine, la blonde Michelle qui semble traverser une mauvaise passe. Michelle est le genre de femme qu’on a envie de protéger, et d’aimer malgré où à cause de tous les obstacles et complications qui rendent cet amour impossible. Car l’amour, dixit Truffaut, « c’est une joie et une souffrance… »

Leonard est partagé entre ces deux femmes, l’une qui représente la tradition, la complicité et la stabilité dont il aurait besoin, l’autre l’aventure et la passion qui lui manquent et lui permettraient de s’évader d’un cocon parental étouffant d’une manière bien plus radicale. L’une est brune, l’autre est blonde, l’une est sage, l’autre est volage, mais James Gray a l’intelligence de faire de Sandra une amante tout aussi désirable que Michelle.

Two Lovers

Two Lovers

James Gray est aujourd’hui l’un des seuls (le seul ?) cinéaste américain de sa génération qui puisse revendiquer l’héritage de Michael Cimino, Francis Coppola, Elia Kazan. L’héritage, mais aussi l’ambition et le talent. La principale différence avec ces cinéastes et leur position dans les années 60 et 70 est que les studios américains n’accordent pas beaucoup de crédit à James Gray qui doit se battre pour produire chaque nouveau film, avec des moyens modestes par rapport à ceux de ses collègues célèbres, malgré la notoriété méritée dont il jouit en Europe. Gray confirme avec Two Lovers ses renversantes qualités de scénariste et de cinéaste. La lumière, le rythme, la dramaturgie du film sont inhabituels car ils renvoient à une forme de classicisme qui n’est plus de mise dans le cinéma contemporain, en Amérique et ailleurs. Mais la magie du film émane avant tout de ses trois comédiens principaux : Joachin Phoenix, déjà dans The Yards et La nuit nous appartient, Vinessa Shaw (découverte dans Eyes Wide Shut et qui ne tourne pas assez à notre goût) et Gwyneth Paltrow sont magnifiques. Cette dernière est sans doute la merveilleuse surprise du film, car elle ne s’était pas beaucoup fait remarquer auparavant par la qualité de sa filmographie et ses talents d’actrice. Dans Two Lovers, elle est belle et émouvante, on comprend les sentiments qu’elle inspire à Leonard, et on regrette que cette performance en tous points remarquable soit restée sans lendemain. Mais elle restera aussi, à tout jamais, dans les souvenirs des amoureux du cinéma et donc de ce film.

 

 

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