Olivier Père

L’Intervallo de Leonardo Di Costanzo

Dans un immense bâtiment désaffecté d’un quartier populaire de Naples, Salvatore, un adolescent timide et mal dans sa peau, est contraint par des patrons de la Camorra de surveiller Veronica, une jeune fille effrontée. Il ignore totalement les raisons de cette détention. Au cours de la journée, la relation entre les deux adolescents évolue et une certaine complicité s’instaure. Veronica entraîne Salvatore dans l’exploration de leur vaste prison, comme pour éviter de penser au sort qui les attend. L’Intervallo est le premier long métrage de fiction d’un documentariste réputé, Leonardo Di Constanzo. L’Intervallo conserve un ancrage documentaire très fort puisqu’il s’agit d’une histoire inventée mais inspirée par des personnes réelles que Di Constanzo avait rencontrées à l’occasion de ses films précédents. Le film a été tourné dans la vieille Naples (décor naturel unique et poétique d’un immeuble en ruines) avec de jeunes comédiens non professionnels issus de la ville. Aujourd’hui il ne fait plus aucun doute que le salut du cinéma italien viendra de ce type de productions indépendantes mises en chantier très loin de ce qui reste de l’industrie cinématographique romaine, en état de putréfaction avancée et qui ne fabrique plus que quelques pseudo films d’auteurs boursouflés aux allures de téléfilms ou de publicité pour les pâtes.

L'Intervallo

L’Intervallo

L’Intervallo, comme en 2011 L’Eté de Giaccomo d’Alessandro Comodin est une petite merveille de sensibilité et de poésie, qui prouve que le cinéma consiste d’abord à savoir filmer des êtres (et pas forcément des personnages) et des lieux (et pas seulement des décors) avec un sens de l’espace et du cadre qui n’a rien à voir avec l’argent ou la notoriété. Le minimalisme du dispositif n’aboutit heureusement pas à une œuvre austère ou aride. Le souffle de la vie passe dans les plans, les jeunes interprètes apportent beaucoup de grâce et de sensualité, la modestie du projet n’empêche pas un regard politique intelligent et sur l’Italie d’aujourd’hui, le problème intemporel de la mafia et ses ramifications actuelles. Au-delà du contexte social et néo-réaliste, L’Intervallo est un beau film sur le thème de la rencontre et sur les émois de l’adolescence.

Nous avions découvert L’Intervallo un peu avant sa présentation à la Mostra de Venise l’année dernière, nous vous invitons à aller le voir dans les salles françaises cette semaine (distribué par Bellissima depuis le 1er mai.)

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