Olivier Père

Les Secrets de l’invisible de Danny Steinmann

Ce soir à 20h la Cinémathèque française dans le cadre de ses doubles programmes « cinéma bis » propose deux films d’épouvante réalisés à la même période : Dominique (1979) du britannique Michael Anderson (jamais vu) et Les Secrets de l’invisible (The Unseen, 1980) petit film d’horreur américain qui mérite toute l’attention des amateurs du genre. Les Secrets de l’invisible est l’une des nombreuses variations autour de Psychose. Une scène de voyeurisme et un flash-back traumatique évoquant un parricide et un cadavre momifié renvoient directement au chef-d’œuvre d’Hitchcock qui inventa malgré lui le « slasher ».

Sidney Lassick dans Les Secrets de l'invisible

Sidney Lassick dans Les Secrets de l’invisible

Trois jeunes femmes sont envoyées par une chaine de télévision privée pour faire un reportage sur une kermesse folklorique dans une petite bourgade de Californie. Les hôtels étant tous complets en raison de l’événement elles acceptent la proposition d’un curieux bonhomme d’être hébergées dans sa grande demeure (dont le style « american gothic » rappelle la maison de la mère de Norman Bates) à quelques minutes de la ville. Il prétend y vivre seul avec sa sœur, une femme émotionnellement très fragile. Le type au comportement jovial cache un psychopathe assassin et un pervers polymorphe tandis que la maison elle-même abrite dans sa cave un secret plus terrifiant encore.

Malgré sa modeste mais réelle réussite difficile d’appliquer la moindre « politique des auteurs » à ce film, mais pourquoi pas la « politique des horreurs ». Il faut même s’y prendre à deux fois pour comprendre qui a réalisé Les Secrets de l’invisible. Sous le pseudonyme de Peter Foleg se cache Danny Steinmann qui refusa de signer la mise en scène et le scénario de son film après s’être fait virer du montage par le producteur Anthony B. Unger en raison de « différends artistiques. » Mais qui est Danny Steinmann ? Steinmann est le fils d’un riche collectionneur d’art qui réalise en 1973 un film pornographique High Rise sous le nom de Danny Stone. Quatre ans après Les Secrets de l’invisible son véritable patronyme apparaît enfin au générique de son troisième film Les Rues de l’enfer, un « rape and revenge » particulièrement violent et glauque avec Linda Blair. En 1985 Paramount lui confie la mise en scène du cinquième chapitre de la lucrative série « Vendredi 13 », le très mauvais Une nouvelle terreur dont le tournage est un fiasco et enterre prématurément la carrière de Steinmann, souvent décrit comme une personne difficile, antipathique et incompétente, qui ne touchera plus une caméra jusqu’à sa mort en 2012 à l’âge de 70 ans. Steinmann se déclara mécontent de son seul film notable Les Secrets de l’invisible qu’il aurait souhaité encore plus dérangeant. On est en droit de trouver le résultat suffisamment malsain et tordu, surtout dans sa deuxième partie, quand l’héroïne interprétée par la belle Barbara Bach se retrouve séquestrée dans la cave de la maison après la mort de ses deux amies et découvre la présence de « l’invisible. »

Certes Steinmann n’est pas un grand cinéaste ni un excellent technicien et la photographie vaporeuse, des plans flous, des vilains ralentis empêchent son film de rivaliser avec ceux de Tobe Hopper, dans un registre assez proche. Massacre à la tronçonneuse et Le Crocodile de la mort sont eux aussi influencés par Psychose, et il y a quelques points communs entre Les Secrets de l’invisible et Massacres dans le train fantôme, notamment sur le traitement de la monstruosité et de la maladie mentale. Pourtant le film a acquis ses galons de bon film d’horreur des années 80, pour son atmosphère bizarre et effrayante, des scènes d’hystérie assez poussées et pour la qualité de son interprétation. Barbara Bach ne s’est jamais fait remarquer pour ses talents de comédienne, contrairement au « character actor » Sidney Lassick (Vol au-dessus d’un nid de coucou, Carrie au bal du diable) et à Lelia Goldoni (Shadows) qui sont remarquables en frère et sœur incestueux.

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