« Si le feu brûlait ma maison, qu’emporterais-je ? J’aimerais emporter le feu… »
Jean Cocteau
Depuis mercredi un chef-d’œuvre de l’underground, film essentiel si l’on voulait écrire une contre histoire du cinéma français, est de nouveau visible sur les écrans parisiens, grâce au distributeur Capricci : Flammes (1978) d’Adolpho (ou Adolfo, ou Alfo selon les saisons) Arrietta. Flammes est le meilleur long métrage d’un cinéaste poète espagnol exilé à Paris dans les années 70. Il est également l’auteur des Intrigues de Sylvia Couski (1974), Tam Tam (1976) et de plusieurs courts métrages qui sont eux aussi projetés à l’occasion de cette résurrection annoncée il y a quelques mois par l’indispensable livre d’entretiens (toujours aux éditions Capricci) « Un morceau de ton rêve… Underground Paris-Madrid 1966-1995 » dans lequel Arrietta converse avec Philippe Azoury.
En 2013 Arrietta est toujours là, entre la France et l’Espagne : il bricole encore des petits bijoux en vidéo et il est allé faire l’acteur sur le tournage du nouveau film d’Albert Serra Histoire de ma mort.
Nous n’avons pas encore eu le temps de revoir Flammes mais nous gardons le souvenir ébloui de sa découverte dans les années 90 à l’occasion de la rétrospective des films d’Arrietta à la Cinémathèque française.
Sous influence coctaldienne, Flammes raconte l’histoire folle d’une jeune fille amoureuse des pompiers (ou de leur uniforme ?) depuis sa plus tendre enfance et qui provoque un incendie imaginaire dans la maison de ses parents afin de séquestrer un soldat du feu dans sa chambre pendant plusieurs jours… Des amours enfantines jusqu’à l’éveil du désir féminin, Flammes est un mélange de candeur et de perversité. C’est du moins la trace onirique que nous conservons de ce film incandescent dans lequel s’illustraient les jeunes Caroline Loeb et Pascal Greggory. Loin d’être seulement le vestige ou le fantôme d’une esthétique et d’une époque révolues, Flammes n’a rien perdu de son éclat et demeure une source d’inspiration pour tous les jeunes cinéastes qui croient encore aujourd’hui au lyrisme, au rêve, à la poésie et au désir.
Pour rester dans un cinéma de poésie, rappelons que mercredi dernier est également sorti dans les salles françaises The Grandmaster de Wong Kar Wai, dont nous pensons le plus grand bien depuis sa présentation au Festival de Berlin. Avec la sublime Zhang Ziyi ce qui ne gâche rien.
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