Olivier Père

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne de Steven Spielberg

Lincoln sort le 30 janvier en France. L’occasion de rappeler que Steven Spielberg est (re)devenu ces dix dernières années un cinéaste passionnant, en pleine possession de ses (vastes) moyens, après plusieurs films très contestables. Ce retour en état de grâce a commencé avec A.I. intelligence artificielle, et s’est poursuivi avec Arrête-moi si tu peux et La Guerre de mondes. Nous aimons beaucoup moins Le Terminal et Munich, le dernier Indiana Jones est de l’avis général le plus faible de la série, mais nous attendons Lincoln avec confiance, en espérant qu’il sera l’antidote au ratage d’Amistad, car nous avons été épatés par les deux derniers films en date de Spielberg qui ont pourtant déclenché plus de critiques négatives ou blasées que de réel enthousiasme. Avant de s’intéresser aussi au beau et sombre Cheval de guerre, revenons sur cet étonnant Tintin. Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne (The Adventures of Tintin, 2011) est la réalisation d’un vieux rêve de Spielberg : adapter au cinéma les bandes dessinées d’Hergé, que le cinéaste avait découvert lors de la promotion européenne des Aventuriers de l’arche perdue, en 1981. Les Aventures de Tintin en propose d’ailleurs l’équivalent exact trente ans plus tard, avec l’idée d’un film grand huit ou train fantôme, capable de susciter l’excitation d’une attraction foraine sur un gamin de dix ans, et sur ceux qui ont gardé leur âme d’enfant. Malgré ce qu’ont pu dire les grincheux le film est plutôt fidèle à l’esprit, sinon à la lettre, d’Hergé, en s’inspirant du « Secret de la Licorne » mais en puisant aussi dans deux autres albums, « Le Crabe aux pinces d’or » et « Le Trésor de Rackham le Rouge ». C’est la première fois que Spielberg utilise la « performance capture », aidé par son coproducteur Peter Jackson dont la compagnie s’est occupée des effets spéciaux – et de rien d’autre, fort heureusement. Malgré ces gadgets technologiques, une des qualités du film est de rester fidèle à une idée classique – ou du moins cinématographique – de la mise en scène, qui réserve bien sûr de nombreux et sidérants morceaux de bravoure, mais se révèle virtuose du début à la fin, avec une surprenante inventivité dans la composition des plans, même dans les moments « intimistes ». Le film séduit autant lors de la destruction endiablée d’une ville entière en un seul plan séquence (idée de performance physique et technique empruntée aux « vrais » films d’action, des burlesques du muet américain jusqu’au cinéma acrobatique de Hong Kong, en passant par les propres films de Spielberg, en particulier la saga Indiana Jones) que dans des scènes moins spectaculaires mais qui témoignent d’une grande poésie visuelle, où triomphe les miroirs, les reflets, les surfaces vitrées, aqueuses ou virevoltantes mises en valeur par une utilisation intelligente de la 3D.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne

Avec ce film Spielberg confirme une nouvelle fois la place qu’il a souhaité tenir depuis Duel et Les Dents de la mer dans l’histoire du cinéma américain. Celui d’un gardien de la mémoire, de la connaissance et aussi de la maîtrise d’un certain cinéma hollywoodien, qui perdure sous des formes nouvelles.

 

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