Olivier Père

Croix de fer de Sam Peckinpah

Après Pat Garrett et Billy le kid et Apportez-moi la tête d’Alfredo Garcia, deux chefs-d’œuvre maudits qui souffrirent de la méfiance des producteurs qui en refirent le montage ou en sabordèrent la distribution, Sam Peckinpah est devenu un paria à Hollywood. Les problèmes de drogue et d’alcool du cinéaste et son caractère ombrageux n’arrangent rien.

Croix de fer

Croix de fer

Peckinpah refuse les scenarios du King Kong produit par Dino De Laurentiis et de Superman pour accepter en 76 l’offre du producteur allemand Wolf Hartwig spécialisé dans le cinéma érotique (la série à ralonge des Schulmädchen Report) qui souhaite porter à l’écran un roman sur la Seconde Guerre mondiale. Croix de fer (Cross of Iron, 1977) raconte sur le front russe, du côté allemand, la rivalité entre un officier aristocrate, ambitieux et opportuniste qui rêve d’obtenir la croix de fer malgré son inaptitude au commandent et un autre officier, Steiner, professionnel de la guerre proche de ses soldats, qui possède déjà la prestigieuse décoration mais a perdu ses dernières illusions sur les champs de bataille. Chant du cygne génial et baroque, salué en son temps par Orson Welles (et par personne d’autre ou presque), Croix de fer développe les thèmes chers à Peckinpah et transcende par sa violence et son nihilisme tous les autres films antimilitaristes réalisés avant ou après lui. Il ne s’agit plus de démontrer l’absurdité de la guerre, la lâcheté et le cynisme des généraux, mais d’exposer une vision du monde apocalyptique où triomphent le chaos et la confusion morale. Le tournage sera très mouvementé et marqué par de nombreux conflits entre Peckinpah et son producteur. Interprétation grandiose de James Coburn, au milieu d’une distribution très hétéroclite d’acteurs anglais et allemands : James Mason, Senta Berger (déjà dans Major Dundee), Maximillian Schell, David Warner (déjà dans Les Chiens de paille), Klaus  Löwitsch (un régulier des films de Fassbinder).

Le film fut un bide aux Etats-Unis mais un gros succès en Europe, au point qu’une suite – médiocre – sera produite par Hartwig deux ans plus tard, sans Peckinpah ni Coburn : La Percée d’Avranches (Steiner, das Eiserne Kreuz, 2. Teil) d’Andrew V. McLaglen avec Richard Burton, Rod Steiger et Robert Mitchum.

 

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