Olivier Père

Vigilante de William Lustig

Vigilante

Vigilante

Un homme dont la famille a été attaquée par des voyous rejoint une organisation d’auto-défense. Vigilante (1983) est à réserver à un public averti et ne manquera pas de faire grincer des dents. Tardivement, il participe à la vague du polar sécuritaire née aux États-Unis dans les années 70 autour du succès d’Un justicier de la ville (Death Wish, 1974) de Michael Winner avec Charles Bronson. Un excellent film sur la légitime défense non dénué d’ambiguïté mais dont le message, à force d’être caricaturé et simplifié, a engendré une ribambelle de sous-produits de plus en plus manichéens, en Amérique mais aussi en Italie et même en France. Des polars brutaux, parfois nauséeux, qui firent sans nuance l’apologie des méthodes expéditives d’une police musclée ou de la justice individuelle de citoyens excédés par le laxisme des institutions et la multiplication des actes de délinquance.

Joe Spinnell et une amie dans Maniac

Joe Spinnell et une amie dans Maniac

Issu du cinéma pornographique, William Lustig est l’auteur du célèbre Maniac (1980), éprouvant portrait d’un serial killer new yorkais qui traumatisa une génération de spectateurs grâce aux trucages gore de Tom Savini, l’interprétation malsaine de Joe Spinnell et l’efficacité de la mise en scène du cinéaste débutant, très à l’aise dans les ambiances urbaines cauchemardesques et l’hyperréalisme sordide. Le remake produit par Alexandre Aja découvert à Cannes cette année n’est pas mal du tout et réussit l’exploit d’être peut-être plus choquant que son modèle. Second film « traditionnel » de Lustig, moins extrémiste que le précédent mais toujours aussi bien réalisé, Vigilante bénéficie d’un casting exceptionnel qui réunit un bon acteur réduit à jouer dans des petits films de genre (Robert Forster, bien loin de son come back dans Jackie Brown), une gloire de la blaxploitation, Fred Williamson, une actrice premingerienne sur le retour (Carol Lynley), cette tête de hyène de Richard Bright célèbre pour ses rôles dans les trois « Parrain » de Coppola et Guet-apens de Peckinpah et une figure de légende, Woody Strode. Joe Spinnell apparaît aussi en ignoble avocat corrompu. L’ambiance des quartiers les plus crasseux de New York est de nouveau au rendez-vous. Malgré les « sympathiques » Maniac Cop 1 et 2 (écrits par Larry Cohen), la filmographie de William Lustig va ensuite se limiter à quelques séries B californiennes de faible renommée ou tournées directement pour le câble (mais on a entendu du bien de Hit List.) Par ailleurs, Bill Lustig, en cinéphile fou de cinéma bis, s’est reconverti avec succès dans l’édition DVD et Blu-ray (Anchor Bay et Blue Underground, c’est lui) des classiques de la Hammer, des films européens et du fantastique italien. Sous cet angle on vérifiera que Vigilante, davantage qu’un banal film d’autodéfense est un hommage inavoué aux polars ultra-violents d’Umberto Lenzi et Enzo G. Castellari, la dimension carnavalesque en moins. Lustig boucle la boucle, ouvrant la voie à un certain Tarantino qui lui aussi intégrera dans son cinéma référentiel sa dévotion au bis transalpin. William Lustig était d’ailleurs à l’origine le cinéaste choisi par Quentin Tarantino pour mettre en scène son premier scénario True Romance, avant que le projet n’arrive finalement entre les mains de Tony Scott. Dans le même genre que Vigilante on recommandera aussi Les Massacreurs de Brooklyn (Defiance, 1980) de John Flynn avec Jan Michael Vincent.

 

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