Olivier Père

Eugène Lourié, de Renoir à Gorgo

Le Monstre des temps perdus

Le Monstre des temps perdus

L’actualité Jean Renoir (biographie de Pascal Mérigeau, reprise de deux de ses plus beaux films en blu-ray et en salles – Le Fleuve et Le Carrosse d’or) nous offre l’opportunité de saluer l’un de ses plus fidèles collaborateurs, Eugène Lourié (huit films ensemble, en France, aux Etats-Unis et en Inde), homme de cinéma à la carrière paradoxale puisqu’il abandonna un cinéaste génial salué pour son art réaliste (voire naturaliste) pour accéder à une certaine notoriété dans le domaine du fantastique, de la science-fiction et des monstres préhistoriques !

Décorateur et cinéaste américain d’origine russe, Eugène Lourié (1903-1991) créa les maquettes et les décors de plusieurs chefs-d’œuvre de Jean Renoir, mais aussi de Marcel L’Herbier, Pierre Chenal ou Max Ophuls. Durant la Seconde Guerre mondiale Lourié s’exile aux Etats-Unis où il travaille sur de nombreuses séries B pas très remarquables avant de collaborer avec Charles Chaplin sur Les Feux de la rampe en 1952. Directeur artistique de génie, Lourié est passé à la mise en scène à Hollywood à partir de 1953 avec une petite série de films à effets spéciaux parmi lesquels Le Monstre des temps perdus (The Beast from 20,000 Fathoms, 1963) considéré aujourd’hui comme un classique de la science-fiction, adapté d’une nouvelle de Ray Bradbury et bénéficiant des extraordinaires trucages de Ray Harryhausen, spécialiste des créatures animées. Le film s’inscrit dans une certaine tendance de la science-fiction américaine où plane la menace atomique, puisque ce sont des tests nucléaires pratiqués dans l’océan Arctique qui réveillent un dinosaure carnivore qui va semer la terreur sur la côte Est.

Les autres titres, plus mineurs, incluent deux autres histoires de gigantisme: Le Colosse de New York (1958), Behemoth the Sea Monster (1959) et quelques travaux pour la télévision. Réalisé en Angleterre en 1961, Gorgo est son dernier film en tant que réalisateur. Il s’agit d’un charmant apologue écologique, non dénué de poésie, qui nous entraîne des paysages irlandais au cœur de la capitale britannique, en empruntant aux légendes du Loch Ness, aux exploits destructeurs de King Kong et du lézard atomique Godzilla. C’est l’adieu d’Eugène Lourié aux grosses bêtes. Il poursuivra sa brillante carrière de directeur artistique au service de Samuel Fuller (Naked Kiss, Shock Corridor) ou Clint Eastwood (Bronco Billy, sa dernière et prestigieuse contribution cinématographique avant une retraite bien méritée).

 

 

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