Olivier Père

Taking Off de Milos Forman

Taking Off (1971)

Taking Off (1971)

Premier film américain de Milos Forman Taking Off a plutôt l’allure d’un ultime film tchécoslovaque tourné aux Etats-Unis. Forman et son scénariste Jean-Claude Carrière, débarqués à New York en 1968 en plein mouvement hippie, décident de s’intéresser à cette vague inédite de contestation et de liberté et imaginent un film sur une jeune fugueuse de la petite bourgeoisie banlieusarde et le désarroi de ses parents dépassés par la mode est les événements. Le film est un bijou d’observation sociologique et d’analyse comportementale. Forman livre une œuvre d’anthropologue avec un style proche du reportage qui accorde une place importante à l’improvisation, avec des comédiens pour la plupart amateurs, débutants ou semi professionnels. Malgré son échec commercial à sa sortie le film demeure l’un des meilleurs de son auteur et une analyse intelligente sur l’époque. Bienveillant mais peu dupe à l’égard des hippies, qui allaient vite être récupérés par le système (dès 71, année de tournage du film), Forman préfère suivre les angoisses et les hésitations des parents, plus proches de sa génération, et complètement largués en face de l’évolution des mœurs. Ce sont finalement eux, dans leur maladroit désir de s’émanciper et de se rapprocher de leur progéniture (les scènes très drôles où ils fument de la marijuana ou improvisent une orgie), qui montrent le plus de folie douce et de transgression tandis que les jeunes rebelles laissent apparaître leur conformisme et leur ennui. Comme toute l’œuvre de Forman Taking Off est aussi un beau film sur le spectacle comme métaphore de la société. La magnifique scène d’audition de jeunes chanteuses qui ouvre le film est une reprise du premier documentaire de Forman, Conkurs tourné en 1964 à Prague.

Catégories : Actualités

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