Olivier Père

La Maison du diable de Robert Wise

La Maison du diable (1963)

La Maison du diable (1963)

La Maison du diable (The Haunting, 1963), classique du film de maison hantée, doit sa célébrité à des effets sonores effrayants et un souci de crédibilité psychologique. Un scientifique réunit un groupe de volontaires dans un vieux manoir dans l’espoir d’observer la présence de fantômes. Parmi ces invités spéciaux, un sceptique, une mythomane refoulée et une lesbienne aux pouvoirs de médium. Au fil des heures, les tensions et les passions vont s’exacerber entre les participants de l’expérience. Aucun spectre ne leur rendra visite, mais l’atmosphère terrifiante qui règne dans la demeure va provoquer une série d’événements tragiques : crise de folie, suicide, accident mortel… L’excellent technicien Robert Wise fonde le principe de sa mise en scène sur la suggestion et les bruitages, beaucoup plus terrifiants que les effets visuels de l’époque et les apparitions de spectres. Cet ancien monteur (La Splendeur des Amberson d’Orson Welles, notamment) avait fait ses premiers pas de cinéaste sous l’égide de Val Lewton, le célèbre producteur de La Féline et d’une splendide série de films fantastiques qui dédaignait le grand guignol au profit de la litote et de la poésie. Le premier film de Wise était en effet une suite indirecte, avec de beaux moments, du film de Jacques Tourneur, La Malédiction des hommes-chats en 1944. La Maison du diable fait preuve d’audace et de véracité dans la description des névroses sexuelles et des troubles psychiques de ses protagonistes féminines. Excellente interprétation d’un ensemble anglo-américain formé par Julie Harris, Claire Bloom, Richard Johnson et Russ Tamblyn. La Maison du diable ne rivalise pas en beauté avec les chefs-d’œuvre de Tourneur ou de Mark Robson produits par Lewton dans les années 40, mais il marque à l’orée du fantastique moderne une date importante et connaîtra de nombreuses imitations, l’une des meilleures et des moins connues étant L’Enfant du diable (The Changeling, 1980) de Peter Medak, avec George C. Scott. Il faut hélas constater que La Maison du diable perd de son efficacité sur le petit écran, où les bruits lugubres, grincements et gémissements divers font généralement beaucoup moins peur que dans l’obscurité d’une salle de cinéma.

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