Olivier Père

Berlin Undead (Rammbock) de Marvin Kren

Rammbock a été présenté en première internationale sur la Piazza Grande, en séance de minuit, lors de l’édition 2010 du Festival del film Locarno. Il vient de sortir en France en DVD et en Blu-ray chez D’Vision, sous le titre Berlin Undead.
Avez-vous déjà vu un film de zombies allemand ? Si les morts-vivants ont infesté le cinéma italien dans les années 80, si quelques modestes tentatives ont échoué lamentablement en France, si les Espagnols et les Britanniques dominent le nouveau cinéma fantastique européen avec des réussites indiscutables comme [Rec] ou The Descent, le cinéma allemand de genre était resté plutôt discret ces derniers temps. Voici l’inattendu Rammbock (traduction : « bélier »), qui réussit parfaitement son pari de série B d’horreur, avec des touches bienvenues d’humour et de psychologie. Le film reprend le thème classique du huis clos avec un groupe d’humains subitement assailli par des victimes d’un virus transformées en monstres féroces. On aura reconnu l’argument d’une centaine de titres depuis la séminale Nuit des morts-vivants de George A. Romero en 1968. Ici, le décor unique est un immeuble berlinois avec sa cour et ses appartements où se sont retranchés quelques locataires terrorisés. Le héros du film, l’Autrichien Michael, est un simple visiteur venu retrouver Gabi son ex petite amie, dont il est toujours amoureux. Piégé dans l’immeuble et contraint de repousser les assauts de zombies assoiffés de sang, avec l’aide d’un jeune plombier, Michael demeure essentiellement préoccupé par l’absence de Gabi. Cette dimension sentimentale est une des bonnes surprises de Rammbock, qui ne sacrifie pas ses personnages aux scènes d’action sanglante. Le film baigne dans un climat réaliste et quotidien, qui rend l’intrusion des zombies – ou des « infestés » pour être plus précis – encore plus choquante.

Marvin Kren, director, born in Vienna in 1980

Marvin Kren, régisseur, né à Vienne en 1980

Marvin Kren, né à Vienne en 1980, a réalisé Rammbock pour la télévision (la ZDF, deuxième chaîne publique allemande). La concision de son premier film, à peine 64 minutes, le rapproche d’une certaine économie de série B que l’on croyait révolue, mais aussi, plus proche de nous, des épisodes des séries télévisées américaines. Rammbock devrait ravir les amateurs de films d’horreur, et être une bonne introduction au genre pour les spectateurs néophytes.
Parmi les suppléments, le DVD propose un « making of » et un entretien avec Marvin Kren et son scénariste Benjamin Hessler (réalisé à Paris lors de L’Etrange Festival, juste après Locarno), qui se sont connu dans une école de cinéma et travaillent ensemble depuis les premiers courts métrages de fin d’étude. Marvin Kren précise qu’il n’est pas intéressé par le cinéma d’exploitation en lui même, mais par l’idée de l’homme attaqué par l’homme, et de nos réactions de défense en face de situations extrêmes. Romero est évidemment une influence majeure pour Kren, mais aussi Fenêtre sur cour d’Hitchcock. On serait tenté d’ajouter Polanski et son sens du fantastique quotidien. D’ailleurs les deux jeunes complices nous font penser à Polanski des débuts et le fidèle Gérard Brach.
Les deux auteurs confirment que le format narratif de Berlin Undead rapproche le film des séries HBO (ou la série anglaise « Dead Set » sur Channel Four) dont ils sont fanatiques. Ce n’est pas restrictif mais au contraire très stimulants pour eux, qui trouvent la plupart des films récents beaucoup trop longs.

Berlin Undead (Rammbock) de Marvin Kren (2010)

Berlin Undead (Rammbock) (2010)


Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *