La section Open Doors du Festival del film Locarno a annoncé le 3 mai les douze projets retenus par le comité de lecture et de sélection, sous la direction de Martina Malacrida. Cette année, le choix du pays concerné par Open Doors, pour sa neuvième édition, s’était porté sur l’Inde.
Open Doors a reçu et considéré les inscriptions de plus de 200 projets (219 pour être précis) en provenance de 30 régions de ce vaste pays à la diversité culturelle et linguistique digne d’un continent. Ces projets étaient écrits dans 18 langues différentes.
Les douze projets retenus proposent non seulement une série de sujets d’actualité, tangibles et rattachées à la réalité, mais aussi un reflet des traditions intrinsèques à l’histoire de l’Inde. Ils concernent surtout la vie quotidienne en Inde, saisie dans ses facettes pluriculturelles et urbaines, dans des mégalopoles en constante évolution. Présentés par des cinéastes et des producteurs débutants ou aguerris, ils montrent le meilleur d’un cinéma indien indépendant et courageux, loin de Bollywood.
Aharbal Falls de Ajay Raina (langue Kashmiri) est le récit de la vie de deux enfants sur fond d’événements extrêmes, dans le climat de violence que connut la région dans les années 80. Séparés pendant leur enfance, ils se retrouvent adolescents et commettent une série de meurtres.
Ajeeb Aashiq de Natasha Mendonca (langues Hindi, Anglais) est une fiction expérimentale sur un couple « transgenre » dans un Bombay contemporain et nocturne.
Natasha Mendonca dénonce la marginalisation sociale qui accable encore les homosexuels dans une ville gigantesque et en voie de développement.
Arunoday de Partho Shen-Gupta (langues Marathi, Hindi) est une fiction policière qui aborde les thèmes de la prostitution et des trafics d’enfants.
Burqa Boxers d’Alka Raghuram (langue Hindi) un documentaire sur la vie d’un groupe de jeunes filles musulmanes dans le monde de la boxe féminine. Au milieu d’une société où les clichés sur la féminité (beauté, grâce, soumission, mariage…) ont la peau dure, le projet montrent trois filles qui se battent pour leur passion et se révoltent contre les règles sévères de la famille et de la société.
Char, The Island Within de Sourav Sarangi (langue Bengali) est un documentaire sur Char, une île créée par le reflux du Gange et considérée comme un no man’s land où les habitants vivent sous le contrôle impitoyable de gardes-frontière armés. Ce projet relate le quotidien brutal de deux jeunes garçons contraints à gagner l’autre rive pour assurer leur survie.
Jat Panchayat (« Le Jugement ») de Satish Manwar (langues Marathi, Hindi) est une fiction qui propose l’histoire d’une autre Inde, non pas celle des grandes métropoles, mais des nomades toujours en route. L’histoire est celle de Jhingri, une femme qui remet en cause les valeurs fondamentales de sa tribu.
Lasya d’Anup Singh (langues Marathi, Hindi) est une fiction sur une grand-mère, une mère et une fille qui vivent de mendicité à Bombay.
Samaadhi de Sidhart Srinivasan (Hindi) est une fiction qui aborde un thème très sensible de la société indienne, sur le mode du cinéma fantastique. Une femme âgée se rend à Varanasi, ville sacrée pour les hindouistes. Mourir à Varanasi signifie se soustraire au « samsara », le cycle éternel de la mort et de la renaissance auquel tout hindouiste est destiné. La vieille femme tombe dans le coma et demeure suspendue entre deux mondes, ce qui plonge ses enfants dans une profonde crise existentielle.
Sebastian Wants to Remember de Vasant Nath (langues Marathi, Anglais) est un « road movie ». À l’âge de 65 ans Sebastian, photographe professionnel, est victime d’un infarctus et perd complètement la mémoire. Avec trois photos importantes de sa vie, sa femme tente de l’aider à recouvrer la mémoire. Le couple entreprend un voyage en voiture.
The Trapper’s Snare de Shanker Raman (langues Tamil, Sinhala, Anglais) raconte le voyage spirituel de Sundaran, un garçon de quinze ans. En dépit d’une santé fragile, il quitte une mère aimante et un père alcoolique pour entreprendre le chemin des moines bouddhistes. Mais l’instabilité des régions qu’il traverse bouleverse complètement son projet et change le cours de son existence. À la suite d’une explosion, Sundaran est pris en charge par une prostituée qui dirige un bordel pour handicapés.
Thread de Lilium Leonard (langues Anglais, Hindi et autres) est une fiction. Deux jeunes contorsionnistes, Nisha et Sandhya sont les vedettes du cirque itinérant Surya. Elles sont inséparables. Mais la plus jeune des deux filles finit par se révolter et affiche son désir d’indépendance. Les deux artistes prennent conscience de leur aliénation. Leur relation prend une tournure dramatique lorsque Nisha décide de se coudre à Sandhya pour l’empêcher de partir.
Vidhvastha d’Ashish Avikunthank (langue Hindi) est une fiction à caractère politique qui analyse la formation de groupes gouvernementaux armés commettant des meurtres défiant le système juridique du pays.
Open Doors aura lieu du 5 au 9 août pendant le Festival del film Locarno. Nous souhaitons bonne chance à ces douze projets que nous sommes impatients de voir réalisés sur grand écran, grâce aux rencontres avec les coproducteurs internationaux organisées durant ces cinq journées décisives. L’année dernière le Léopard d’or du Festival del film Locarno, Winter Vacation de Li Hongqi, avait été présenté comme projet à Open Doors China en 2009.
Open Doors India sera accompagné d’une rétrospective d’une vingtaine de grands classiques et de chefs-d’œuvre du cinéma indien, orchestrée par notre commissaire Uma Da Cuhna, parmi lesquels des films de Satyajit Ray en versions restaurées.
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