Twist
Heureux, sans honte ?30 min
Disponible jusqu'au 06/09/2026
Lorsqu’on se sent humilié, insignifiant ou inutile, la honte qui en résulte peut être handicapante. À l’inverse, l’ostentation, l’avidité et l’hypersexualisation ont le vent en poupe. Un peu plus de pudeur ne serait-elle pas bénéfique ? À moins que la honte ne soit un fardeau dont il faut se libérer ? "Twist" interroge divers artistes sur leur rapport à la honte.
La chorégraphe et danseuse autrichienne Doris Uhlich estime qu’il est difficile de se défaire du sentiment de honte. Dans son spectacle, "more than naked", les danseurs évoluent sur scène dans leur plus simple appareil. Leurs chairs en mouvement produisent des sons, dans un acte de libération dénué de toute obscénité. Car pour la chorégraphe, le sens de certains mouvements ne se révèle que dans la nudité.
La journaliste et romancière Marlen Hobrack connaît bien le sentiment de honte. Née dans une famille ouvrière peu avant la chute du mur de Berlin, elle a grandi dans une cité en Saxe. Sa mère cumulait deux emplois sans pour autant arriver à boucler les fins de mois. Ces difficultés financières était une source d’embarras pour Marlen. Ce n’est qu’après son décès qu’elle a découvert que sa mère souffrait d’oniomanie, ou fièvre acheteuse. Un secret bien gardé. Dans son livre, "Erbgut" (non traduit en français), Marlen Hobrack revient sur la honte qu’elle ressent et analyse ce sentiment qui reste largement tabou.
Le plasticien Clemens Krauss a consacré l’une de ses œuvres les plus intimes au passage à l’âge adulte. À l’occasion d’une exposition dédiée à l’art et à la honte, il a réalisé une figure en silicone représentant son corps à l’âge de 13 ans. De façon apparemment décomplexée, il présente l’enveloppe corporelle de son moi adolescent tout en défendant la honte, un sentiment selon lui indispensable au vivre-ensemble.
Avons-nous toujours honte pour les bonnes raisons ? Le manque de respect, la cupidité et la surconsommation ne sont-ils pas les signes d’une société sans vergogne ? Dans ses œuvres, la Bulgare Maria Nalbantova s’attache au manque de respect croissant, notamment vis-à-vis de la nature. "Twist" accompagne l’artiste dans une zone marécageuse dénaturée par les êtres humains, où sont déversées des eaux usées.
Chargé(e) de programme
Anika Mellin
Pays
Allemagne
Année
2025