ARTE Regards

L’Irlande a la proportion de personnes autistes la plus élevée du continent européen, avec 3,4% de sa population diagnostiquée. En comparaison, la France enregistre 1,2 % de personnes autistes et l'Allemagne seulement 0,4 %. Ce qui explique ces énormes différences : une société plus éveillée sur la question de l’autisme et qui diagnostique beaucoup plus sa population. Paradoxalement, cette prise de conscience a un prix. Les listes d’attente pour faire évaluer son enfant autiste s’allongent. Dans ce contexte, des familles en souffrance interpellent le gouvernement et demandent plus de moyens. La communauté autiste s'organise pour faire entendre ses revendications et pour que l’inclusion ne soit plus seulement une promesse mais bien une réalité pour les 180.000 autistes irlandais.

Oneesa McWeeney est assistante spécialisée au collège de Maynooth, dans la banlieue de Dublin. Ses élèves autistes cumulent les difficultés mais ce n’est pas un problème dans cet établissement considéré comme un modèle d’inclusion. Cube de relation, salles sensorielles, médiation animale : Oneesa dispose de nombreux outils pour leur permettre de suivre la scolarité la plus ordinaire possible. En Irlande, plus de 80% des personnes autistes sont au chômage ou sous-employées. Adam Harris, lui-même autiste Asperger, ne supportait plus de rester les bras croisés face à cette situation. Il y a dix ans, il a créé son association, As I Am, qui défend les droits des personnes autistes. Conseils à destination de la communauté autiste mais aussi aux employeurs et aux hommes politiques : Adam Harris et son équipe veulent changer le regard de la société sur l’autisme. Ils ont même créé un label “autism friendly” pour pousser les villes irlandaises à devenir plus inclusives. Mais il reste beaucoup de choses à améliorer car des familles attendent parfois des années avant d’obtenir un diagnostic pour leurs enfants. C’est ce qui est arrivé aux parents de Cara Darmody, 14 ans. L’adolescente a deux petits frères atteints d’autisme couplée à une déficience intellectuelle. Sa famille a dû attendre des années avant de pouvoir les faire diagnostiquer. Un scandale que dénonce sans relâche Cara sur les plateaux télévisés mais aussi dans des manifestations hebdomadaires devant le Parlement. Surnommée la Greta Thunberg de l’autisme, elle est devenue en quelques années la porte-parole des familles de personnes autistes.