Le son du renouveau

Après la dislocation de l’Empire austro-hongrois à la fin de la Première Guerre mondiale naît la République de Tchécoslovaquie. Cette période de paix, associée à deux décennies de prospérité économique, prendra fin en 1939 avec l’annexion partielle du pays par Adolf Hitler. Un profond renouvellement de la scène artistique lui a fait écho : dès 1918, tout un mouvement d’avant-garde composé de musiciens, de poètes, d’architectes, de cinéastes, s’est progressivement agrégé pour forger une identité propre à la jeune démocratie.

Génération sacrifiée
Cette nouvelle génération a transformé la culture musicale tchèque, alors incarnée par les figures tutélaires d’Antonin Dvorak ou de Bedrich Smetana, pour se tourner vers des formes inédites, d'inspiration plus populaire. Ses représentants ont pour nom Jaroslav Jezek, compositeur du trépidant Bugatti Step (en hommage à la voiture la plus rapide de son temps) pour quatre clarinettes et un orchestre, Bohuslav Martinu, auteur d’un ballet dont les personnages sont des ustensiles de cuisine, Vítezslava Kapralova, l’une des premières femmes à avoir étudié la composition et la direction, qui mène son orchestre en smoking et nœud papillon, le compositeur de jazz Erwin Schulhoff, ou encore l’expérimentateur passionné Viktor Ullmann. Génération sacrifiée : alors que les uns décèdent prématurément, les autres, juifs, sont victimes de l’expansion nazie, gardés captifs dès 1941 dans le ghetto de Terezin avant d’être déportés dans les camps de la mort. Entre archives d’époque, commentaires de spécialistes, émouvantes scènes musicales et reconstitutions, ce documentaire retrace leurs trajectoires, restituant toute leur importance dans l’histoire de la création européenne.