Les loups sortent toujours la nuit

Le printemps s'annonce dans la région désertique de Bayankhongor, en Mongolie. Jeune couple de nomades, Davaa et Zaya y vivent avec leurs quatre enfants en s'occupant d’un troupeau de moutons et de chèvres. Mais le dérèglement climatique provoque des phénomènes météorologiques extrêmes. Les hivers trop rudes et les étés trop secs fragilisent les animaux qui ne trouvent pas de quoi se nourrir, manquant de réserve de graisse et d’énergie pour résister aux tempêtes et aux soudaines vagues de froid. Un jour, le camp de la famille est frappé par une violente bourrasque de sable qui décime la moitié du cheptel. Une catastrophe pour les bergers, qui doivent prendre l'amère décision de déménager en ville. La famille s'installe dans le quartier des yourtes d'Oulan-Bator, et Davaa accepte de travailler dans une usine de gravier. Mais la nostalgie de son ancienne vie et de son troupeau perdu ne le quitte plus... 

La yourte de l’amour  
Avec cette parabole sur un monde devenu hostile, le deuxième film documentaire de Gabrielle Brady se situe à la croisée des cauchemars de notre époque : les crises climatiques et la désertification privent les hommes de leur identité et les force à abandonner ce qu’ils ont de plus cher. Dans ces horizons mongols d’une poignante beauté, le nomadisme et son harmonie ancestrale risquent de disparaître, au profit d’une vie urbaine coupée de la nature. Plutôt que de se livrer à la déploration, la réalisatrice préfère célébrer la splendeur de ce qui est encore : le courage et l’amour de cette famille nombreuse, dont nous partageons l’émouvante intimité, ou la tendresse infinie de Davaa pour ses bêtes, jamais aussi manifeste que lorsqu’il les aide à mettre bas. Mêlant des scènes documentaires à des moments reconstitués, Les loups sortent toujours la nuit s’achève par de magnétiques séquences oniriques, où une horde de chevaux sauvages vient hanter Davaa à Oulan Bator, point d’orgue de cette déambulation poétique.