Robert De Niro, l'arme du silence

Souvent en étroite complicité avec son frère de cinéma Martin Scorsese, il s'est glissé dans la peau de petits voyous, de grands mafieux, de vétérans du Viêtnam traumatisés ou de jaloux pathologiques, dont la fureur contenue affleure et explose tour à tour. Mais si Robert De Niro a incarné comme nul autre la violence pulsionnelle de l’Amérique, il l'a fait avec une singulière douceur. Farouchement pudique, voire secret, celui que l'on considère comme l'un des plus grands acteurs de sa génération a choisi de s'exprimer à travers ses rôles pour écrire une page essentielle du cinéma du dernier demi-siècle. Qui est cet artiste qui a longtemps cherché à se dissimuler malgré les projecteurs, jusqu'à changer, dans sa soif de perfection, de corps et de visage au gré des rôles ? Et si, derrière le masque de ses personnages, il avait livré une part de son mystère ?

Fascination
De Mean Streets à Killers of the Flower Moon, le premier et le dixième long métrage du duo si soudé et désormais octogénaire qu'il forme avec "Marty" Scorsese, Jean-Baptiste Péretié voyage à travers la fabuleuse filmographie de Robert De Niro pour y dévoiler, de personnage en personnage, un peu de l'homme derrière le comédien phénoménal. Taxi Driver, Voyage au bout de l'enfer, Raging Bull, Casino, Il était une fois en Amérique, Jackie Brown… Interprétant des images, célébrissimes ou inédites, qu'il nous livre comme autant de cailloux blancs, il puise également dans les archives politiques et les rares entretiens de l'acteur, révèlant en fin de film un Robert De Niro plus loquace, descendu dans l'arène médiatique pour combattre Donald Trump. Un portrait sensible et virtuose, à la hauteur de son fascinant sujet, par un réalisateur qui a déjà consacré des documentaires inspirés à Buster Keaton, John Wayne ou Al Pacino.