Délices de Sicile

Quand la chaleur se fait écrasante, ces cactus généreux en eau sont précieux pour la croissance des oliviers, des orangers et des citronniers. Quant à leurs fruits, Michele et Vittoria en font des chips. Un peu plus à l’est, du côté de Ramacca, Mimma Arena s’occupe d’une grande asinerie et élève des animaux d’une espèce autrefois menacée d’extinction, l’âne ragusano. Grâce à elle, cette race sicilienne est sauvée. L’éleveuse produit entre autres du lait d’ânesse, aux qualités nutritives très proches du lait maternel humain. Puis direction le sud, en passant par le massif calcaire des Monts hybléens. L’ancien grenier à blé de l’Italie est désormais pionnier de la culture de céréales traditionnelles – des variétés qui avaient presque sombré dans oubli. À Chiaramonte Gulfi, Vanessa DiStefano, seule meunière de l’île, exploite un vieux moulin à eau avec Franco, son père. À une quarantaine de kilomètres de là, plus au sud, se trouve la cité baroque de Modica. La Milanaise Sara Ongaro et sa coopérative, Quezal, y fabriquent le chocolat noir équitable qui fait la renommée de la ville. Elle nous montre la technique que les femmes employaient jusque dans les années 50 pour faire fondre les fèves de cacao sur de la pierre de lave. Autre haut lieu du baroque tardif et classé lui aussi au Patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Noto tient son nom de la période arabe. C’est dans la région fertile de la vallée de Noto, non loin d’Avola, que se situe la ferme bio de Fabio et Annarella Santuccio. Fabio cultive des oranges amères, une autre variété pratiquement oubliée. Annarella nous montre les pâtes qu’elle prépare à partir de farine de caroube.