France

France de Meurs, journaliste star d’une chaîne d’infos en continu, a le monde à ses pieds : tutoyant des politiques qu’elle éreinte en plateau, elle troque ses tailleurs griffés pour un casque et un gilet pare-balles lors de reportages sensationnalistes au Moyen-Orient, qu’elle n’hésite pas à trafiquer pour faire pleurer dans les chaumières. Mais un jour qu’elle renverse en voiture un jeune homme défavorisé, sa bulle éclate : tandis que le cirque médiatique s’emballe autour d’elle, France, profondément insatisfaite de son existence dorée, se trouve en proie au doute existentiel… Comment retrouver un brin d’authenticité dans une vie où ne comptent que les apparences ?

Cynisme et mélancolie
C’est un tableau grinçant et peu flatteur que présente Bruno Dumont (Ma Loute, P’tit Quinquin) d’une certaine France – l’élite médiatique parisienne, ses vanités mondaines déconnectées du réel et son narcissisme décuplé par le miroir des réseaux sociaux. À l’instar de cette journaliste qui se frotte à tous les genres – reportage de guerre, débats politiques, sujets de société ou faits divers sordides –, le réalisateur, dont on sait combien il aime se jouer des conventions cinématographiques, s’amuse à mêler les genres et les tonalités. Passant de la farce au drame, du cynisme absolu à une réflexion plus posée, presque mélancolique, sur les effets de la célébrité sur la santé mentale, il n’est jamais là où on l’attend dans ce long métrage poil à gratter, aussi peu aimable que son héroïne. Au cœur du film et quasiment de tous les plans, Léa Seydoux réalise une impressionnante performance d’actrice dans la peau de cette France à la fois insupportable, imbue d’elle-même et touchante par sa fragilité, tandis que Blanche Gardin à ses côtés, en assistante flagorneuse, réussit le tour de force de susciter le malaise à chaque réplique.