Je ne suis pas là pour être aimé

Jean-Claude Delsard, la cinquantaine, s'est résigné depuis longtemps : il ne semble pas être sur terre pour être aimé. Entre son cabinet d’huissier de justice, son appartement de célibataire et ses visites hebdomadaires à son vieux père, il mène une vie triste à mourir. Jusqu’au jour où il s’autorise à pousser la porte d’un cours de tango. Il y rencontre Françoise, conseillère d'orientation sur le point de se marier…

Chanson douce pour tango triste
Sur le papier, c’est l’histoire toute simple, vue bien des fois, de la "seconde chance", à travers une rencontre amoureuse inespérée qui fait renaître à la vie. Mais indéniablement, quelque chose se passe : plus qu’un charme, le récit charrie une émotion en sourdine, solide et durable. Deuxième long métrage de Stéphane Brizé, Je ne suis pas là pour être aimé trouve sa grâce dans son apparente modestie. La finesse de l’écriture et le talent des interprètes font que l’on croit volontiers à ce qui aurait pu être forcé : le bouleversement total de deux vies engendré par quelques pas de danse. Une indéfinissable alchimie réunit en effet Anne Consigny et Patrick Chesnais, deux comédiens trop rarement mis en avant, qui trouvent ici l’occasion de briller d’un éclat aussi noble que discret. Avec les seconds rôles, tous parfaits, ils forment une galerie de "ratés" ordinaires, si humains qu’ils en émeuvent. Rythmé par la musique de Gotan Project, un ballet délicat, parfait équilibre de drôlerie et de tristesse.