Troisième titre de la trilogie exotique de Bertolucci, Little Buddha (1992) mérite d’être réévalué dans l’œuvre du cinéaste italien. C’est en tout cas la conclusion qui se dégage de la vision du film en Blu-ray édité par Rimini. Little Buddha est un voyage initiatique entre l’orient et l’occident, la mythologie et le monde moderne, dans une série d’allers-retours spatio-temporels. Le film marque l’apothéose de la collaboration entre Bertolucci et Vittorio Storaro – la couleur joue un rôle esthétique mais surtout narratif dans ce conte sur la réincarnation dans le bouddhisme, où se croisent l’histoire de Siddhârta et celle d’un petit garçon américain envisagé pour devenir le nouveau Lama. Après le triomphe mondial et la pluie d’oscars du Dernier Empereur, Bertolucci réalise deux autres films hors d’Italie (qu’il juge à l’époque « infilmable »), tournés vers l’Afrique et la spiritualité orientale, Un thé au Sahara (1989, d’après Paul Bowles) et Little Buddha qui ne connaîtront pas le même succès. C’est dommage car Little Buddha est à redécouvrir, somptueux livre d’images à la naïveté assumée (le film s’adresse aussi et surtout aux enfants) qui retrouve le faste des productions Bollywood. Cinéaste cinéphile, Bertolucci parsème son film d’hommages à Pasolini, Kurosawa, le Lang des films indiens… La dernière superproduction de Bertolucci, aussi à l’aise dans l’intimisme que dans le grand spectacle, accorde un soin particulier aux éléments de costumes et de décors naturels – une partie du film a été tournée au Bhoutan. Little Buddha peut être considéré comme un adieu au grand cinéma d’auteur italien, où se mêlaient l’art et l’artisanat, la poésie et le mélodrame, les stars hollywoodiennes (ici Keanu Reeves étonnant en Siddhârta) et les figurants non professionnels.
Le master 4K utilisé pour cette édition a été réalisé en Italie, sous le contrôle de Vittorio Storaro. Il est tout récent – la France est le premier pays à en bénéficier – et d’excellente qualité. Le nouveau master rend grâce aux choix tranchés de Storaro lors du tournage, image bleue, froide et métallique pour les scènes contemporaines à Seattle, image chaude et très orangée pour les images du passé, choix pas toujours respectés dans les précédentes éditions vidéo. J’avais vu plusieurs fois le film et j’avais l’impression de découvrir cette dichotomie bleu/orange très affirmée pour la première fois. Il est vrai que Storaro est réputé pour intervenir très lourdement sur la restauration et le réétalonnage de ses propres films pour les éditions vidéo, parfois avec des résultats contestables. Dans le cas présent, cela rend justice à son travail et au film, dont les images sont magnifiques. Les suppléments sont soignés, avec notamment une analyse du film par le critique italien Piero Spila, et quelques images d’archives.
Un vrai beau film , fastueux livre d’images comme toujours mis en scène avec inspiration par Bertolucci . Reeves méconnaissable ( il affirmait en préparation s’etre exclusivement nourri d’oranges ) dans les scènes orientales . C’est sans doute fait exprès mais les scènes contemporaines sont un peu fades en comparaison . Ne pas oublier la superbe bande-originale signée du regretté Ryuichi Sakamoto qui après celle du » dernier empereur » et d’ » un thé au Sahara » pour le cinéaste Italien conclut en beauté cette trilogie marquante .