Luigi Comencini, les années de jeunesse. Avant ses grands films, le cinéaste italien a fait ses gammes sur des productions commerciales dans l’air du temps, soit le néo-réalisme rose auquel il doit son premier grand succès, Pain amour et fantaisie (1953). Maris en liberté (Mariti in città, 1957) appartient à cette veine du cinéma italien, ainsi qu’à la mode des films à sketches auquel il s’apparente indirectement – le film suit du début à la fin les mésaventures de quatre personnages en ayant recours au montage alterné. Maris en liberté montre les talents d’observation de Comencini, qui se prête à l’exercice de la comédie satirique, cruelle parce qu’elle frappe juste, sur le thème de la vie conjugale du point de vue masculin, avec son cortège de névroses et de frustrations.
La principale qualité de la comédie italienne (du moins durant son âge d’or, les années 1950), qu’elle fut bouffonne ou douce-amère, est d’avoir documenté, de manière sociologique, l’état d’esprit, les mœurs, la condition de tout un pays, en tenant compte de ses particularités régionales et de ses différentes classes sociales. Dans Maris en liberté, nous nous trouvons dans la petite bourgeoisie romaine, le temps d’un été. Les maris ont laissé leurs femmes et leurs enfants en vacances au bord de la mer, et se retrouvent seuls dans la capitale, en proie à la tentation. Comencini aborde frontalement le thème du mariage comme fondement de la société (catholique) italienne, et ses effets collatéraux : l’hystérie masculine de quatre spécimens de mâles italiens, à la fois jaloux comme des tigres et obsédés par le sexe et l’idée de tromper leurs femmes dès qu’elles ont le dos tourné. C’est cruel, critique et sans complaisance. Mais c’est aussi le versant « rose » du néoréalisme tardif, et tout fini bien. Les épouses rentrent à la maison, pardonnent les idioties de leurs maris. Les choses rentrent dans l’ordre, jusqu’à l’été prochain. Il faudra attendre les années 1960 et 1970 pour que la comédie italienne soit vraiment grinçante et désespérée.
Combo blu-ray/DVD en version restaurée dans la collection de Tamasa dédiée au cinéma italien, avec deux autres titres de Luigi Comencini, La Traite des blanches et Casanova, un adolescent à Venise. Un livret propose des notes de production et de très beaux croquis préparatifs des décors. Dans un complément vidéo d’excellente qualité, Aurore Renaut revient sur le film, son contexte, sa place dans la filmographie de Comencini.
Casanova, un adolescent à Venise, je dois absolument le voir. Il fait partie de ces films que Comencini a dédiés à l’enfance, thème qui lui est particulièrement cher. Il a fait un Heidi je crois même! Et son Incompris est une splendeur bouleversante.
Il y a dans sa filmographie un corpus important dédié à l’enfance.
« Il y a dans sa filmographie un corpus important dédié à l’enfance. »
voir LA LUNA SUL LUNA PARK, revu récemment avec plaisir (avec Pierre Trabaud)