Maria’s Lovers (1983) est le premier long métrage américain d’Andreï Konchalovsky, produit par la société indépendante The Cannon Group qui offrit une grande liberté au réalisateur russe. Les producteurs Golan et Globus étaient réputés pour leurs films d’exploitation en tous genres, mais ils avaient également initié une politique de cinéma de prestige qui les amena à soutenir des œuvres audacieuses signées John Cassavetes, Robert Altman, Barbet Schroeder et donc Andreï Konchalovsky. Ce dernier souhaitait alors poursuivre sa carrière hors d’URSS (après le tournage de sa fresque monumentale Sibériade) et il n’avait pas trouvé à Paris les soutiens financiers qu’il espérait – une première version de Maria’s Lovers avait été écrite par Gérard Brach et devait être tourné en France, avec Isabelle Adjani dans le rôle principal. Malgré les apparences, Maria’s Lovers n’est pas un film de rupture ou d’exil, mais permet au contraire à Konchalovsky de prolonger sur le territoire étatsunien la mentalité slave et l’atmosphère rurale de ses films soviétiques. L’action se déroule dans une petite communité serbe, au cœur d’une bourgade de Pennsylvanie. Ivan rentre chez lui après plusieurs années de détention dans un camp japonais. Seul le souvenir de Maria, la plus belle fille du pays, l’a aidé à survivre à l’enfer. Elle devient sa femme mais il est si amoureux qu’il ne parvient pas à avoir des relations sexuelles avec elle. Konchalovsky signe une émouvante histoire d’amour au charme rétro, portée par les interprétations de Nastassja Kinski, John Savage et Robert Mitchum dans l’un de ses derniers rôles. Le soin apporté à la direction artistique et la beauté de la photographie sont remarquables pour un film au budget modeste. On retrouve intacts dans Maria’s Lovers les talents de paysagiste, et de directeur d’acteurs de Konchalovsky qu’il avait déjà exprimé dans ses films tournés en URSS.
Le BR de Maria’s Lovers (film indisponible en France depuis trente ans, et diffusé l’année dernière sur ARTE) est édité en France par le nouvel éditeur indépendant Intersections et présenté dans sa restauration 2K, accompagné de nombreux suppléments filmés et un livret de 28 pages contenant un entretien exclusif avec Andreï Konchalovsky et un essai de Justin Kwedi sur Nastassja Kinski.
Une belle édition Blu Ray qui m’a permis de revoir enfin dans de bonnes conditions ce très beau film sensible et touchant, porté par des acteurs remarquables. J’aimerais beaucoup qu’on nous restaure et sorte en Blu Ray et/ou au cinéma une autre réalisation de Konchalovsky pour la Cannon, SHY PEOPLE/LE BAYOU difficilement visible hélas…film tourné en Scope, sur fond de Tangerine Dream un échec commercial à sa sortie mais qui avait été primé à Cannes en 1987.
moi aussi j’aimerai bien voir LE BAYOU (SHY PEOPLE)