Ronin (1998) offre à John Frankenheimer l’occasion de renouer avec les productions à gros budget et de travailler avec Robert De Niro, après une parenthèse télévisuelle qui lui avait permis de signer des œuvres personnelles, politiques et plus ambitieuses que les projets qu’on lui proposait pour le grand écran. C’était un retour aux sources pour celui qui avait révolutionné très jeune la télévision américaine en expérimentant des méthodes de tournage en direct dans les années 50 et jusqu’au début des années 60 avant d’initier une brillante carrière à Hollywood. Les téléfilms Against the Wall, The Burning Season, Andersonville et George Wallace montraient un Frankenheimer engagé et en pleine possession de ses moyens, tandis que L’île du docteur Moreau avait été la pire expérience cinématographique du cinéaste, avec un résultat désastreux.
Ronin peut se voir comme un éloge du professionnalisme, et une remise en forme. John Frankenheimer donne une leçon de mise en scène et démontre qu’il n’a rien perdu de sa virtuosité pour orchestrer ce thriller spectaculaire, avec une grande maîtrise de l’espace et du temps. A la manière d’un film de Melville, Ronin tend vers l’abstraction. Le scénario, (un groupe de mercenaires est recruté pour dérober une mallette dont on ne connaîtra jamais le contenu), n’est qu’un prétexte pour dépeindre un monde secret où évoluent des figures archaïques, condamnées à l’errance comme les rônins du Japon médiéval. L’ambiguïté morale a toujours fasciné Frankenheimer, et les personnages de Ronin se caractérisent tous par un comportement violent, asocial et criminel. L’intrigue renoue avec les récits d’espionnage hitchcockiens avec une succession de trahisons, de retournements de situation et de coups de théâtre. Adepte d’un cinéma classique, Frankenheimer a refusé les trucages pour les scènes d’action et les cascades, en particulier lors d’une impressionnante poursuite en voitures sur le boulevard périphérique de Paris. Ronin témoigne de la francophilie de Frankenheimer, qui avait déjà réalisé trois de ses meilleurs films dans notre pays : Le Train, Grand Prix et French Connection 2.
Diffusion le lundi 12 février sur ARTE à 23h.
Bon film au casting racé et à la mise en scène nerveuse . Frankenheimer a réalisé des films passionnants comme » Seconds » qui montrait un cinéaste inspiré et pleinement conscient des capacités cinématographiques à sa disposition .
» Ronin » n’a pas l’ambition d’un » Manchurian candidate » mais demeure un exercice plaisant .