Pour débuter l’année 2022 dans la bonne humeur malgré tout, ARTE consacre sa soirée du dimanche 2 janvier à Blake Edwards et Peters Sellers avec deux films, à 21h et à 22h55, qui scellèrent l’association (extrêmement conflictuelle dans les coulisses et sur les plateaux de tournage) entre le cinéaste américain et l’acteur britannique : La Panthère rose (The Pink Panther, 1963) et Quand l’inspecteur s’emmêle (A Shot in the Dark, 1964).
Blake Edwards était un prince du mélodrame comme de l’humour le plus sophistiqué. Il a réglé avec une précision d’horloger et un sens du rythme exceptionnel une série de films comiques d’une indéniable efficacité visuelle. Le plus célèbre demeure La Panthère rose. Cette comédie policière dans la lignée de La Main au collet met en scène un gentleman cambrioleur qui évolue dans la jet-set internationale. Mais le voleur de grand style, interprété par David Niven, est éclipsé par les bévues de l’inspecteur Clouseau lancé à ses trousses. Le policier français à la maladresse phénoménale est campé par le génial Peter Sellers, qui transforme chacune de ses apparitions en morceau d’anthologie. Le burlesque verbal et physique de Sellers balaie tout sur son passage, et va assurer un triomphe public au film de Blake Edwards. La Panthère rose va connaître plusieurs suites, et se transformer en manne lucrative, avec un Peter Sellers de plus en plus déchaîné, adepte de déguisements et de pitreries délirantes.
La genèse du deuxième film de la série des « Panthère rose », Quand l’inspecteur s’emmêle, est particulièrement atypique. Au départ, ce titre n’a rien à voir avec le premier opus puisqu’il s’agit de l’adaptation d’une pièce de théâtre A Shot in the Dark de Harry Kurnitz, elle-même la version américaine de la pièce de Marcel Achard L’Idiote (1960). Peter Sellers était attaché à ce projet mais n’était pas satisfait du scénario. United Artists avait alors engagé Blake Edwards pour s’assurer que l’acteur allait honorer son contrat. Entretemps, les premières projections publiques de La Panthère rose aux Etats-Unis (décembre 63) et en Grande-Bretagne (janvier 64) rencontrent un succès inattendu, largement explicable par la création hilarante de Sellers dans le rôle de Clouseau, presque en marge de l’intrigue principale. Edwards décide de réécrire entièrement, en un temps record (cinq semaines), le scénario de Quand l’inspecteur s’emmêle, en ajoutant Clouseau comme personnage principal du film. Il est aidé pour cela par William Peter Blaty, futur auteur de L’Exorciste, à l’époque scénariste débutant. C’est dans ce film qu’apparaissent pour la première fois le supérieur hiérarchique de Clouseau, le commissaire Dreyfus (Herbert Lom) et son domestique japonais Cato (Burt Kwouk). Quand l’inspecteur s’emmêle, avec son incursion dans un camp de naturistes et les gaffes à répétition de Clouseau est peut-être le titre le plus drôle de la série. C’est aussi le seul à proposer une véritable enquête policière (maigre reliquat du matériau d’origine) et à ne pas inclure la fameuse panthère rose dans son générique animé.
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