ARTE diffuse La Douleur, réalisé par Emmanuel Finkiel en 2017, mercredi 15 décembre à 20h55. Le film sera également disponible gratuitement en télévision de rattrapage sur ARTE.tv.
Paris, juin 1944. Une jeune épouse est prête à tout pour retrouver son mari, Robert Antelme, figure majeure de la résistance déportée par les Allemands. Lors de la libération des camps, l’absence de nouvelles devient insupportable. Cette femme, c’est la future Marguerite Duras, bien avant de devenir une écrivaine à succès. La Douleur, c’est d’abord un chef-d’œuvre littéraire, paru en 1985, recueils de récits en partie autobiographiques, en partie inventés. Il y est question d’une femme qui cherche à sauver et retrouver par tous les moyens son mari prisonnier dans un camps de concentration, puis du retour, à l’état de cadavre vivant, d’un homme qu’elle peine à reconnaître. Plusieurs cinéastes furent tentés de porter ce livre à l’écran, mais se heurtèrent au problème de la représentation d’un corps à peine survivant, squelettique, dans la deuxième partie. Emmanuel Finkiel s’empare de l’oeuvre de Duras, réputée inadaptable, pour en faire une création éminemment personnelle, émouvante et stylisée. La réussite du film tient aussi à l’absence de dévotion de Finkiel envers le style de Duras, l’écrivaine et la cinéaste. Il se concentre sur le début du roman, avec l’angoisse de l’attente et la relation ambigüe que Marguerite noue avec un agent français de la gestapo pour obtenir des informations sur Robert. On ne peut qu’être admiratif devant la performance de Mélanie Thierry. L’actrice dépasse le simple mimétisme pour livrer un sublime portrait de femme libre et courageuse. Il faut aussi saluer les interprétations subtiles de Benjamin Biolay et Benoit Magimel dans des rôles complexes, ceux de Dionys Mascolo, amant et confident de Marguerite, et Pierre Rabier, gestapiste de la rue Lauriston.
Laisser un commentaire