Olivier Père

La Comtesse aux pieds nus de Joseph L. Mankiewicz

ARTE diffuse La Comtesse aux pieds nus (The Barefoot Contessa, 1954) dimanche 12 décembre à 20h55. Le film de Joseph L. Mankiewicz sera suivi d’un documentaire de Sergio G. Mondelo, Ava Gardner – la gitane de Hollywood, disponible sur Arte.tv jusqu’au 9 juin 2022.

La Comtesse aux pieds nus peut être considéré comme le chef-d’œuvre de Mankiewicz, qui parvient à s’imposer comme l’auteur complet du film, cas assez rare dans le cinéma américain des années 50. Après avoir connu des relations plutôt tumultueuses avec les patrons de studios de la MGM et de la Twentieth Century Fox, Mankiewicz déjà réalisateur, scénariste et producteur est parvenu à accéder à une liberté et une indépendance que les autres cinéastes peuvent lui envier. Il est parti s’installer sur la côte est des Etats-Unis, loin de Hollywood, où il crée sa propre société de production, Figaro Inc. Le premier film qu’il produit pour Figaro Inc. est La Comtesse aux pieds nus, qui obtiendra un réel succès critique et public. C’est un film qui prend le cinéma comme toile de fond, mais il n’y est pas vraiment question des coulisses de l’usine à rêves. Les protagonistes qui représentent la décadence et la vulgarité de Hollywood – un réalisateur sur le déclin, un producteur cynique et méprisant, un associé servile et une starlette – sont introduits hors de leur univers, dans un cabaret de Madrid. Mankiewicz ne filme pas Hollywood dans ses aspects les moins reluisants, mais plutôt la vie privée d’une danseuse de flamenco devenue star un peu par hasard, et qui connaîtra un destin flamboyant et tragique.

« J’ai essayé de faire un conte de fées qui corresponde à la vie d’aujourd’hui, une version amère de Cendrillon » déclara Mankiewicz au sujet de son film. Rarement cinéaste nous a offert un portrait aussi intime d’une femme, et par la même occasion d’une actrice. Si Mankiewicz s’inspire de la biographie de Rita Hayworth pour écrire le personnage de Maria Vargas, Ava Gardner s’en empare et livre une sublime interprétation où elle révèle beaucoup d’elle-même. Par ses qualités d’écriture et de mise en scène, et sa magnifique photographie en Technicolor signée Jack Cardiff, La Comtesse aux pieds nus tend à la perfection. Cinéaste de l’intelligence, Mankiewicz réalise un mélodrame sur la quête impossible de l’amour et du bonheur, avec en son centre une femme sensuelle à la beauté fatale, qui paiera de sa vie son désir de liberté et d’absolu.

 

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Un commentaire

  1. Victor Gayo dit :

    La Comtesse… pourrait également s’inspirer de Linda Darnell qui avait tourné Chaînes conjugales avec Mankiewicz et qui vivait avec lui une histoire d’amour. Elle s’est sentie trahie par lui lorsqu’il a donné le rôle à Gardner.

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