Olivier Père

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) de Arnaud Desplechin

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), ou comment transformer des fragments autobiographiques en vaste récit romanesque ? C’est l’équation que parvient à résoudre Arnaud Desplechin au gré d’une vaste saga amoureuse et spirituelle qui se déploie en une constellation de portraits masculins et féminins, de situations tour à tour burlesques et cruelles. Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle), réalisé en 1994, n’est que le second long métrage de Desplechin. Mais le cinéaste y fait déjà preuve d’une maîtrise impressionnante. Cette chronique d’un groupe d’amis trentenaires et universitaires, et de leurs relations avec des jeunes femmes adorables et dangereuses, dépasse largement le cadre germanopratin d’une certaine bourgeoisie intellectuelle. La complexité du récit, qui imbrique plusieurs histoires, de nombreuses digressions et une voix-off parcimonieuse, n’a pas peur de chercher à rivaliser avec la littérature. Pourtant, c’est grâce à une écriture purement cinématographique, et une direction d’acteurs virtuose, que Desplechin relève le défi de cette fresque générationnelle. Le cinéaste y questionne sa croyance dans le cinéma, art enfantin et impur par excellence. Il explore les éternels déchirements entre les sexes, les névroses familiales, se fixe des ambitions à la hauteur des écrivains et réalisateurs qu’il vénère et qui nourrissent son travail. Folie, violence des sentiments, affects négatifs et douce complicité : le matériau qui passionne Desplechin n’est rien d’autre que les dimensions de l’humain. Le matériau est si riche qu’il inspirera au cinéaste une série de films, où l’on croise les mêmes personnages plus ou moins transformés, à différents âges de leurs vies. Révélation d’un acteur génial, Mathieu Amalric.

 

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) est disponible gratuitement, et en version restaurée, sur ARTE.tv jusqu’au 31 août 2021.

 

 

 

 

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2 commentaires

  1. ballantrae dit :

    Un film magnifique dont nous devrons reparler!

  2. Léane L dit :

    Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle) de Arnaud Desplechin :
    Arnaud Desplechin réalise son second long métrage en 1994, ce dernier durera 178 minutes. C’est un commencement banal avec Paul Dédalus, joué par Mathieu Amalric, accompagné de ses amis et de son cousin, c’est un groupe de jeunes adultes parisiens intellectuels que nous dépeint le réalisateur. L’intrigue tourne principalement autour de Paul , il est le personnage principal, c’est un trentenaire, qui travaille à l’université de Nanterre que nous suivons, ce dernier doit finir une thèse importante, mais celui-ci au caractère infidèle amicalement et amoureusement se permettra de rencontrer des jeunes femmes, à savoir, trois jeunes femmes avec trois caractères totalement différents, et infidèles elle-même pour certaines. Tout d’abord il y a Esther, une femme avec qui il est depuis son adolescence, depuis 10ans, mais avec qui il vit une relation tumultueuse, et dont il veut en échapper, cependant il refuse de la déstabiliser alors il décidera de la quitter seulement après l’obtention de son examen, une fois quittée cette dernière sera dévastée. Car elle est totalement dépendante de ce dernier, elle vit pour lui et n’a aucune vie sociale sans celui-ci, mais par la suite nous verrons une nouvelle facette de cette dernière. Puis il y a Sylvia, la compagne de son très bon ami, Nathan, qu’il a rencontré auparavant, avec qui il commence alors une sorte de jeu caché, une aventure menée par une passion très forte, cependant tout le long du film il ne font que se fuir, c’est une femme qui parait sûre d’elle et d’apparence fière, ce qui l’empêchera d’ailleurs de dévoiler ses sentiments. Enfin, il y a Valérie, la femme de Jean-Jacques, un ami du groupe, qu’il va rencontrer lors de la soirée du nouvel an, et cette dernière, au caractère très particulier, à la fois très enfantine et violente réussira à séduire Paul. Le spectateur suit alors toutes ces relations différentes tout le long du film. En effet, bien que Paul soit le personnage principal, et le pilier de l’histoire, il n’est pas le seul personnage, et Arnaud Desplechin va réussir à faire passer cet individualisme, au groupe, et cela en passant du moment de la confession de Paul à son psychologue, à ce récit du souvenir de son enfance qu’il confie à son groupe d’ami le soir du nouvel an. Effectivement, dans ce groupe d’amis qui nous est présenté dès le début, chacun aura son rôle dans l’histoire, néanmoins, le rôle de chacun sera plus ou moins lié à Paul. Effectivement le récit est basé sur un bon nombre de relations humaines entre tous, à la fois amoureuses et amicales, cependant peut être que ce manque d’émotion à certains moments, et tous ces changements de partenaires durant l’histoire, empêchent le spectateur de s’accrocher totalement aux relations.
    De plus, ce film dure environ trois heures, d’une part cette durée permet au spectateur d’approfondir sa connaissance de chaque personnage, et à les appréhender, mais d’un autre côté, cette durée peut proposer un contenu trop dense et donc difficile à suivre et à comprendre. De surcroît, les sentiments et émotions qui ressortent de ce récit selon moi, sont principalement l’insatisfaction, mais aussi l’amour et la complicité humaine, que l’on ressent dans ces relations, ou encore la violence et la rancune, tout cela étant tout de même mêlé à quelques scènes comiques.
    Paul Dédalus, qui est donc le pilier et le moteur du récit, laissera alors de temps à autre la lumière aux autres personnages, comme par exemple à Esther. Cette jeune femme présentée dans le récit de manière banale, simple et dépendante de son compagnon, puis enfin arrivera le moment où les caméras ne seront consacrées qu’à elle, ainsi l’histoire prend un autre tournant, et le spectateur la redécouvre. Esther prend alors en main le film, et devient importante. Enfin, parlons de cette réalisation hors du commun, menée par le réalisateur qui va mettre en scène un narrateur en voix off qui interviendra de temps en temps, ensuite des scènes originales doivent être soulignées, comme ces flashback hors du commun, lorsque que par exemple, le personnage de Paul adulte, se retrouve avec ce dernier lorsqu’il était enfant. Puis il y a quelques scènes de presque monologue telle que cette fameuse scène dans laquelle Esther est seule et déclare son amour à Paul face à la caméra, c’est aussi l’une des scènes les plus fortes de ce film. Enfin , il y a ces moments de sensualité qui reviennent à plusieurs reprises dans le récit, et l’on constate que le réalisateur décide de mettre en scène des femmes totalement dénudées, tandis que les hommes ici se contentent d’admirer ces dernières et de parler de sexualité entre eux par la suite. Le film se termine tout de même sur un échange téléphonique entre Sylvia et Paul,
    durant lequel cette dernière constate l’avoir fait changer, et elle semble regretter de ne pas lui avoir avoué ses sentiments avant, bien qu’ils étaient forts, ainsi cette scène fait également partie des scènes touchantes de ce film, selon moi, car les deux personnages et surtout celui de Sylvia sont remplis d’émotions, et c’est la première fois que celle-ci tente de se livrer mais tout en restant fière et froide… Ainsi, à mon sens cette relation est sûrement la plus touchante de l’histoire, bien que celle avec Esther ait une place importante, lorsque l’on voit l’amour que celle-ci porte au personnage principal, et cette difficulté qu’ils ont à se séparer définitivement.
    En somme, c’est un film remarquable , avec certains passages remplis d’émotions mais contrastés par plusieurs scènes d’amour glacial et dur, cependant celui-ci peut laisser le spectateur sur sa faim, car aucune des relations qu’il a suivi, n’aboutit joyeusement, bien que la dernière scène soit tout de même présente.

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