Olivier Père

Tucker : l’homme et son rêve de Francis Ford Coppola

ARTE diffuse Tucker : l’homme et son rêve (Tucker: The Man and His Dream) lundi 21 septembre à 20h55.

Produite par George Lucas et réalisée par Francis Ford Coppola en 1988, cette biographie filmée retrace le destin de l’ingénieur américain Preston Tucker, qui conçoit en 1948 une automobile révolutionnaire. Se sentant menacés dans leur monopole, les trois grands constructeurs Chrysler, Ford et General Motors (jamais cités dans le film mais souvent évoqués de manière allusive) déclenchent une contre-attaque pour tuer le projet dans l’œuf. Dans la lignée des films de Frank Capra, Tucker glorifie la volonté et le courage d’un homme déterminé à ne pas renoncer à son rêve. Mais la fin des années 80 à Hollywood n’incite pas à l’optimisme béat pour les créateurs en général et pour Coppola en particulier. Le cinéaste ne se contente pas d’exalter un modèle d’individualisme et de liberté typiquement américain. Le film devient un autoportrait déguisé mais transparent de Coppola lui-même, qui s’identifie totalement à son héros. Le cinéaste a en effet lutté pour conserver le symbole de son indépendance à Hollywood, sa société de production American Zoetrope, criblé de dettes après le désastre commercial de Coup de cœur en 1981. En filant la métaphore avec son héros concepteur d’une voiture en avance sur son temps, Coppola, qui avait démontré son génie dans la fabrication de prototypes cinématographiques à l’ambition mégalomane (Apocalypse Now, Coup de cœur), veut désormais prouver qu’il est également capable de s’intégrer dans un système de production plus industriel, en réalisant des commandes ou des films inscrits dans un certain classicisme hollywoodien. Cela n’empêche pas Tucker : l’homme et son rêve de porter du premier au dernier plan la signature stylistique de son auteur. Avec son fidèle directeur de la photographie Vittorio Storaro, véritable peintre de la lumière et maître des couleurs chaudes, Coppola réitère certaines figures de style de Coup de cœur. Il enchaîne plusieurs actions dans le même plan grâce à une astucieuse scénographie, ou juxtapose deux espaces différents par des split-screens sans trucage réalisés directement sur le plateau. Ces discrets morceaux de bravoure ressuscite le rêve d’un film tourné en direct et en plan-séquence – c’est ainsi que fut d’abord envisagé Coup de cœur, sur le modèle des dramatiques télévisées de John Frankenheimer dans les années 60. Au-delà du thème du génie persécuté, l’importance de la famille dans Tucker : l’homme et son rêve vient souligner le parallélisme entre l’ingénieur et le cinéaste, qui dédie son film à son fils Gian-Carlo (« Gio »), décédé à 22 ans dans un accident de bateau en 1986.

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2 commentaires

  1. PÉREZ dit :

    Superbe film sur cet industriel qui avait une vision futuriste de l’avenir de l’automobile, mais qui ne plaisait pas aux gros constructeurs des la fin des années 40 .dommage pour mr PRESTON TUCKER.

  2. benoit caron dit :

    oui moi j,aime les autos de marques tucker

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