Olivier Père

Fair Game de Mario Andreacchio

Ce titre n’est pas le plus connu du courant « ozploitation », qui réunit les nombreux films fantastiques, de science-fiction ou d’action (sans oublier des comédies sexy) plus ou moins mabouls réalisés en Australie dans les années 70 et 80, à la faveur d’aides gouvernementales à la création cinématographique. Distribué en 1986, il appartient à la queue de la comète de cette production pléthorique qui rassemble quelques chefs-d’œuvre comme Mad Max de George Miller ou Pique-nique à Hanging Rock de Peter Weir mais surtout des titres réservés aux amateurs de films de genre déjantés comme Les Traqués de l’an 2000 ou Le Drive-in de l’enfer.

Razorback, qui suscita en 1984 un éphémère engouement autour du jeune clippeur Russell Mulcahy, est difficilement regardable aujourd’hui. Beaucoup moins prisé à l’époque, Fair Game (1986) tient mieux la route, si l’on peut dire. Dans les deux films, il est question de tueurs de kangourous dégénérés dans l’outback australien et de leurs victimes, pas seulement animales. Une jeune femme qui s’occupe de la protection de la faune de la région dans une ferme isolée est persécutée par trois chasseurs, qui cherchent à s’amuser avec une nouvelle proie. Agressée et humiliée, elle assouvira sa vengeance sur son propre terrain, en éliminant un à un ces renégats guère concernés par les droits de la femme et la protection de la nature. Le scénario de Fair Game tient sur un ticket de métro. Le film mord la roue du filon « rape and revenge ». L’héroïne échappe au viol, mais elle est vicieusement attaquée par les trois sociopathes, et attachée à moitié nue sur le capot d’une jeep pour une promenade forcée dans le désert. Avec un budget dérisoire, le débutant Mario Andreacchio (inconnu au bataillon) réalise un film sans temps mort, rempli de scènes d’action et de cascades automobiles très spectaculaire. Ça pue la sueur, la crasse et le sang, sous un soleil de plomb, dans les immensités poussiéreuses et inhospitalières de l’Australie. Le courage dont fait preuve le personnage de Jessica, ses leçons de survie dans un décor sauvage et la violence de sa riposte, distinguent Fair Game d’un simple sous-produit sexiste et racoleur. Cassandra Delaney délivre une performance physique pleine d’énergie, et porte le film sur ses épaules. Fair Game semble avoir beaucoup influencé le « survival » féministe Revenge (2017) de Coralie Fargeat.

Film disponible en Blu-ray aux éditions Le Chat qui fume, avec un autre fleuron du cinéma fantastique australien, Montclare : rendez-vous de l’horreur (Next of Kin, 1982) de Tony Williams.

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