Un mauvais fils de Claude Sautet

ARTE diffuse Un mauvais fils (1980) de Claude Sautet lundi 4 mai à 20h55.

Un mauvais fils est un film dans lequel Claude Sautet sort de sa zone de confort. Il décide de changer de partenaires d’écriture, et de s’intéresser à des milieux sociaux différents. Sautet ne s’attelle pourtant pas à une œuvre sociologique. Une fois de plus, ce sont les sentiments, les rapports humains et les crises individuelles qu’entend décrire le cinéaste. Son personnage principal, Bruno (Patrick Dewaere), est un toxicomane qui cherche à se réinsérer dans la société après avoir purgé une peine de cinq ans de prison aux États-Unis pour trafic d’héroïne. D’origine modeste, il tente de renouer avec son père (Yves Robert), ouvrier sur des chantiers, mais ce dernier l’accuse d’être responsable de la mort de sa mère. Bruno trouve du travail et un peu de réconfort chez un vieux libraire homosexuel (Jacques Dufilho). Dans sa boutique il fait la rencontre d’une jeune femme (Brigitte Fossey) qui elle aussi se drogue et dont il tombe amoureux. Un mauvais fils est un film de rupture et de transition, qui annonce la fin de son oeuvre. Sautet filme le difficile retour à la vie de Bruno. Il ausculte le mal-être d’une société en perdition, en même temps que les problèmes de communication entre générations, la solitude masculine. Ces thèmes reviendront dans Quelques jours avec moi et Un cœur en hiver. Sautet décline visuellement le motif de l’isolement qui frappe le trentenaire, avec des cadres et des reflets de fenêtres qui enferment les personnages, images récurrentes dans son oeuvre. Indifférent à l’esthétisme, le cinéaste est partisan d’une mise en scène minutieuse, où chaque geste compte. Pour son unique incursion dans l’univers de Sautet, Patrick Dewaere délivre une interprétation sobre, précise et juste, au diapason du film.