Olivier Père

Christine de John Carpenter

Un coffret collector définitif édité par Carlotta permet de redécouvrir Christine (1983) de John Carpenter, cinéaste dont on ne cesse de célébrer les titres de la période la plus fructueuse de sa carrière, celle des années 80.

Réalisé après l’échec critique et commercial particulièrement injuste de son monstrueux remake du film d’Howard Hawks et Christian Nyby The Thing, Christine ressemble dans la carrière de John Carpenter à une tentative de cinéma fantastique plus rassurant, du moins plus acceptable pour le grand public. Il s’agit de toute évidence d’une commande où le cinéaste, qui venait d’être éjecté d’un autre film de studio adapté de Stephen King, Charlie (Firestarter), fait en sorte de se rapprocher des attentes et des modes : la nostalgie pour la musique rock des années 60 et le teen-movie rétro, genre prisé des adolescents dans lequel Coppola s’est lui aussi réfugié la même année avec Outsiders, pour surmonter le désastre de Coup de cœur. Adaptation d’un best-seller de Stephen King qui venait à peine d’être publié, Christine évoque comme Carrie les tourments de la puberté. Arnie, un garçon complexé, va tomber sous le charme maléfique d’une Plymouth Furie 1958 rouge sang, voiture particulièrement possessive et jalouse qui tue tous ceux qui osent se mettre entre elle et son jeune propriétaire. La dimension sexuelle de Christine est évidente. Arnie développe une relation fétichiste avec la voiture, sa virilité et son cynisme s’affirment au contact de cette belle machine aussi puissante que séduisante. Le rapport entre sexe et automobile tient une place importante dans la civilisation américaine : de nombreux jeunes gens perdent leur virginité sur la banquette arrière de leur voiture, dans des drive-in ou sur des aires de repos. Cette thématique est explorée avec brio par King et Carpenter, qui n’hésite pas à filmer la dégradation de Christine par une bande de voyous comme un véritable viol. Christine permet au cinéaste d’explorer son thème de prédilection, le Mal indestructible et ses incarnations les plus inattendues. Alors en pleine possession de ses moyens, Carpenter pouvait encore s’atteler à une histoire classique d’envoûtement et la rendre visuellement excitante grâce à des effets spéciaux simples et efficaces, et son remarquable sens du cadre et de l’espace.

 

Catégories : Actualités

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *