Olivier Père

Violette Nozière de Claude Chabrol

ARTE diffuse Violette Nozière lundi 24 juin à 20h55. Le film sera également disponible gratuitement pendant sept jours en télévision de rattrapage sur ARTE.tv.

En 1978, Claude Chabrol, impressionné par le jeu d’Isabelle Huppert dans La Dentellière de Claude Goretta, met en scène la jeune actrice dans le rôle de Violette Nozière, célèbre parricide qui défraya la chronique judiciaire et criminelle au début des années 30, et dont l’acte criminel suscita l’admiration des membres du mouvement surréaliste. Lorsque le film débute, Violette Nozière est une adolescente qui se prostitue en secret. Ses parents, chez qui elle vit, ne remarquent rien : ni son père Baptiste Nozière, ni sa mère Germaine Nozière. En révolte contre leur mode de vie et leur mentalité étriqués, elle tombe amoureuse d’un jeune panier-percé, Jean Dabin, qu’elle fait pratiquement vivre grâce à de petits vols chez ses parents ainsi qu’avec le bénéfice issu de la prostitution occasionnelle. Lorsque les parents de Violette découvrent que leur fille est atteinte de la syphilis, ils tentent de mettre un frein à sa vie dissolue. La jeune femme les accuse de lui avoir transmis une maladie qu’elle juge héréditaire.

L’interprétation géniale d’Isabelle Huppert lui vaut son premier prix d’interprétation au Festival de Cannes et inaugure une collaboration fidèle et fructueuse avec Claude Chabrol – sept films ensemble. Le film enregistre ainsi une sorte de passation de pouvoir amicale entre Stéphane Audran, ex-femme et égérie de Chabrol dans la première moitié des années 70, qui joue la mère de Violette Nozière, et Isabelle Huppert.

Chabrol a toujours manifesté de l’intérêt pour les faits-divers, matière qui lui permet de plonger dans les mystères de l’âme humaine et de poser un regard critique sur la France et son histoire.

En choisissant une structure en flash-backs, Chabrol veut de retranscrire à l’écran l’univers mental de Violette Nozière, sans que le spectateur puisse toujours distinguer les souvenirs des fantasmes, les rêves des mensonges. La forme du récit souligne l’ambiguïté de la jeune femme, qui semble elle-même ne plus faire la différence entre la réalité et les fictions qu’elle invente. Cela n’empêche pas Chabrol d’avoir de l’empathie pour son héroïne, dont le geste désespéré trahit une révolte absolue contre la bassesse de son milieu familial, et contre le destin que la société lui réserve.

 

 

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