ARTE diffuse À l’est d’Éden (East of Eden, 1955) dimanche 10 mars à 20h55. Le film sera suivi à 22h40 d’un documentaire inédit, Un Américain nommé Kazan de Claire Duguet, qui revient sur la carrière et les ambivalences de cet éternel outsider, entre théâtre et cinéma, gloire et infamie. Premier film en couleur et en Cinemascope de Elia Kazan, À l’est d’Éden survient après le triomphe de Sur les quais l’année précédente. Il s’agit d’une adaptation partielle du roman de John Steinbeck par le scénariste Paul Osborn. Le titre est une allusion au verset biblique relatant la fuite de Caïn après le meurtre de son frère Abel. Situé en 1917 à Salinas Valley, lieu de naissance de Steinbeck, le film relate les secrets et les drames d’une famille de propriétaires terriens du point de vue de Cal, fils incompris et mal-aimé qui se considère lui-même comme l’incarnation du mal. À l’est d’Éden est une œuvre trois fois autobiographique. Steinbeck, Kazan et le jeune James Dean, dont c’est le premier rôle en vedette, y ont projeté leur propre histoire, et leur relation conflictuelle avec la figure paternelle. Kazan avait débuté sa carrière au théâtre, comme acteur et metteur en scène dans les années 30 au Group Theatre, puis en participant à la fondation de l’école d’art dramatique Actors Studio en 1947. Au cinéma, Kazan va gagner une réputation de directeur d’acteurs et d’actrices extraordinaire. Ses trois films avec Marlon Brando font transformer l’acteur débutant en superstar. Pour le rôle de Cal dans À l’est d’Éden, Kazan porte son dévolu sur un jeune élève de l’Actors studio qui avait déjà rencontré le succès à Broadway dans la pièce d’André Gide L’Immoraliste. Révélé sur le grand écran par Kazan, James Dean est devenu grâce à son interprétation sensible et tourmentée le symbole mondial de toute une génération immature en lutte contre l’autorité. La mise en scène de Kazan accède à une ampleur nouvelle avec ce film aux accents psychanalytiques et tend vers le lyrisme et la poésie.
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